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boris boublil : mù | 93 manifesto @ à découvrir absolument (fr)

Étant donné qu’il y a un accent grave sur le u de Mù, on n’ira pas paresseusement chercher les analogies avec le fameux continent perdu, qui serait une sorte d’Atlantide gisant au fond de l’océan Pacifique, et dont la brillante civilisation aurait, quelques milliers d’années avant les Égyptiens, bâti des pyramides aux quatre coins du globe. Point de relecture de l’histoire à la Maître Gims ou Lilian Thuram, non, nous acceptons de ne pas comprendre l’énigme proposée par Boris Boublil : il en va ainsi de notre compréhension du monde, pour laquelle il convient d’accepter de ne pas tout piger, tout petits humains imparfaits que nous sommes.

Mù pourtant fait phantasmer : orchestre amical accompagnant notre Boris - par ailleurs musicien pour Dominique A et Emily Loizeau, compositeur pour le cinéma (Derniers remords avant l’oubli, de Jean-Marc Cuillersi) et pour le cirque (Extrême night fever - compagnie Inextremiste), également grand amateur du sécateur des relations humaines Raymond Carver -, il est composé notamment de John Parish (guitares et percussions) et de Sacha Toorop (batteries), figures tutélaires d’un underground rock que l’on ne présentera pas, tant leurs auras et apports respectifs méritent admiration et respect. Avec Csaba Palotai (guitares), Théo Girard (basses), Robin Fincker (saxophone, clarinette), Morgane Carnet (clarinette, saxophone), Jesse Vernon (violon) et Antoine Berjeaut (trompette, bugle – un saxhorn), il est évident que Boris Boublil sait s’entourer, à l’instar d’un Shackleton en quête de terres inconnues.

Entre la corde et le mât, il y a quoi, ou qui ? On pense à Ulysse, parfaitement mis en scène par Waterhouse, qui pour échapper aux si tentantes sirènes à la cruauté sans égale s’attacha au mât de sa Calypso en perdition : ainsi commence 93 Manifesto, sur un lit de cuivres et de cordes mélodieuses à la limite de la dissonance. Et c’est tout un voyage qui commence, entre noise et post-rock, convoquant défunts du folklore mexicain (El Dia de los Muertos) et lacérations soniques, mais également piano jazzy sous perfusion lounge (le cinématographique Piano Tapes, pas très loin de ce que proposait l’excellent Rob) ou dissonance arithmétique d’avant-garde (Basement).

Carton Records (Emmanuelle Parrenin, Belvoir, Balladur) est définitivement un label à suivre et ce n’est pas 93 Manifesto qui va nous en dissuader, bien au contraire. Il y a dans cet album de Boris Boublil : Mù un parti-pris résolument aventureux et néanmoins accessible, en témoignent des arpèges pianistiques à la Clayderman et des guitares western, toujours à propos. Le grand écart entre l’accessible et l’exigeant n’est jamais impossible, à l’instar de ce proposait le Sébastien Tellier des débuts. Un morceau comme Penguins, au kitsch romantique assumé, trouverait tout à fait sa place sur la bande sonore d’un Jacques Demy du 21ème siècle.

Et donc, en onze titres au lyrisme décalé assumé et néanmoins hyper moderne, Boris Boublil : Mù déploie des trésors de trouvailles et d’arrangements malins à la saveur persistante. Franchement, qui peut résister aux glissando d’un accord majeur en accord mineur et vice-et-versa ? Et aux guitares lourdes de Pandora ?

Oui, que de questions, après celles posées en introduction, et celles qui ne se posent pas à propos du titre de cet album, hautement ironique ; en octobre 1914, le manifeste des 93 concernait un groupe d’intellectuels allemands hautement favorables à la guerre, les beaux couillons. Il est évident que l’orchestre de Boris Boublil a choisi des armes qui ne tuent pas, mais enchantent, et en ce sens il est là, le continent perdu, sous nos yeux, depuis toujours : il s’agit de nos cœurs.

boris boublil : mù | 93 manifesto @ hopblog (fr)

Boris Boublil et son collectif Mù ont décidé de ne pas choisir entre rock et jazz pour donner vie à 11 titres très beaux.

Boris-Boublil-93-manifesto Boris Boublil & Mù - 93 Manifesto

Au début des années 2010, Boris Boublil (rattaché au collectif jazz Surnatural Orchestra) a collaboré avec John Parish au sein du collectif rock Playing Carver avant de former il y a peu son groupe Mù. Pour cela, il a rassemblé des musiciens venus de divers horizons : John Parish, Csaba Palotaï, Robin Fincker (Aquaserge, Surnatural Orchestra), Jesse Vernon (This is The Kit, Morning Star), Sacha Toorop (Dominique A, Emily Loizeau), Théo Girard (Trans Kabar), Morgane Carnet (Selen Peacock), Antoine Berjeaut (Surnatural Orchestra).

Boris Boublil a d’abord joué ses morceaux avec son collectif, du côté de Brest, avant d’aller enregistrer au studio Rothschild, près de Cardiff, au pays de Galles, là où son ami John Parish a ses habitudes. Des compositions, qui ont mûri durant des années dans la tête de Boris Boublil, et auxquelles il a fini par donner vie.

Au programme de ce 93 Manifesto, on trouve des musiques riches et intenses, sombres ou joyeuses, qui alternent le chaud et le froid, à la frontière du jazz et du rock. Des morceaux aux accents free, Noise, qui grincent, qui couinent, qui grattent, mais aussi qui caressent ou réconfortent.

En tout cas, un disque qui mérite vraiment le détour.

oscar fritsch | a moment of absolute acceptance @ le cargo (fr)

On se repose en France pour terminer la sélection du jour, mais pas question de se poser. Missed Encounter, Snake & Charm est un morceau relativement inclassable musicalement à la croisée des genres et des influences. Mais c’est surtout un morceau ultra prenant, dansant et addictif que l’on a envie d’écouter très fort. La très belle voix d’Oscar légèrement éraillée, qui n’est pas sans nous rappeler celle de Oh Tiger Mountain, étonne sur un morceau électro, pop, rock (oui oui au moins tout cela à la fois), mais se marie parfaitement. Apportant une touche d’émotions à un morceau qui vous donne envie de bouger, de courir, de chanter et de danser (oui oui au moins tout cela à la fois !!)

oscar fritsch | a moment of absolute acceptance @ indie underrated (us)

A rare voice and an innovative arrangement come together on An Ocean to be Conquered. The new release from Oscar Fritsch is a revelation. His passionate emotional delivery embellishes the broken depth of his expressive snarl. Within alternating verses he break boundaries, adding elements of indie rap into his vocal design. The eclectic stylistic soup tastes delicious. We also hear evidence of post rock in the musics dramatic tempo design. An all around a slam dunk release, it will connect with fans of diverse intention, similar to Joji or Car Seat Headrest.

oscar fritsch | a moment of absolute acceptance @ class of sounds (br)

O compositor e multi-instrumentista francês Oscar Fritsch editou recentemente seu álbum de estreia, A Moment of Absolute Acceptance, nas plataformas digitais.

Nada diferente de muitos artistas que preferem denominar seu trabalho como art rock, Fritsch lança mão de experimentalismo sob toques psicodélicos, com fins de traçar um paralelo ao que se passa na esfera pop.

Algumas conexões – influências – se mostram mais visíveis e outras nem tanto, como Black Midi, The Voidz, David Bowie e muito da lisergia sessentista, mas pela “ótica indie”. Nas palavras do artista:

“Se tudo é político, esta obra certamente é. Oscilando entre a desilusão e a luz, em busca de um estado de graça, à aceitação ou à revolta. Estas dez pistas oferecem a oportunidade de construir ou desconstruir para forjar um ideal que, se não for concreto, quase pode ser imaginado. É a resposta irrefutável a todas as perguntas que nunca foram feitas.”

Todas as músicas bem como a parte instrumental são assinadas por Oscar: guitarras, baixo, bateria, sintetizadores, piano, trompete e claro, voz. A gravação e mixagem são de Gabriel Jullieret-Cointet, feitas no Kasanostra Studio em Lyon, França. Já o trabalho de masterização ficou a cargo de Clément Poisson.

no tongues | ici @ muzzart (fr)

No Tongues, c’est Alan Regardin – trompette et objets, Ronan Courty – contrebasse et objets, Ronan Prual – contrebasse et Matthieu Prual – saxophones et clarinette basse. Leur registre, de mystères sonores en textures vocales éparses mais marquantes, hors-cadre, mérite attention et persévérance. ICI, c’est le cas de le dire, on se fait dessoucher par huit titres d’un jazz aventureux, libre et enveloppant, qui nous régale d’atmosphères à la limite de l’imaginable. Tantôt elles se noircissent (Makam fantôme), des voix fantomatiques s’en extirpent. C’est beau et un peu plus, ça fiche les foies et ma foi, le voyage se prend. Sans retour car avant cela et ensuite, No Tongues aura perpétué une approche nulle part ailleurs audible. Kulning le démontre, ses cuivres font les fous et déjà, l’emprise opère. Le décor est sombre, d’un élégant qui subjugue autant qu’il dérange. Les sens, sans délai, sont mis à contribution. Chien chien, aux chants cinglés/captivants signés LINDA OLAH, non-tenus en laisse, sèmerait presque l’effroi. Le froid aussi, délectable, qui émerge d’une trame à l’étirement sans fin, craquelé, trituré, entièrement passionnant. Ou fatiguant, si de cette caste tu n’es pas.

Alors, on poursuit sans toi. No Tongues signe un Parrandada de entroido de canizo aux vocaux de style -ceux d’Elsa Corre, pour être plus précis-, surlignant un déroulé mystique mais avant toute chose, ne se définissant pas. Si j’écris ces mots, c’est d’abord pour vous persuader de la nécessité de l’écoute, de l’immersion, d’habiter ce disque et de le laisser vous envahir. Notons qu’il sort sur trois labels résolument différents -le mot est d’ailleurs faible-, leur faisant honneur dans une audace pour le moins porteuse. Ses durées poussées, de plus, accroissent la portée d’ICI. LOUP UBERTO, sur Fronni d’Alia, type le rendu. Ailleurs, sur les Kulning et Makam Fantôme cités plus haut, c’est ISABEL SORLING qui s’en sera chargée. Avec autant de prestance, ça va sans dire. On entend, dans les chants, douleur et ferveur. Et bien plus encore. L’expressivité est confondante, l’inventivité sans précédent connu. Coeur de la Montagne, en secousses et grondements, crée à son tour un climat malsain, des vignettes sonores -et soniques- qu’il est bien difficile de rejeter. On ne s’y essaye d’ailleurs pas. Les musiciens, explorateurs invétérés, sont allés dégoter dans le quotidien, des sons pourtant extra-ordinaires quand on leur prête l’oreille.

Il faut suivre certes, mais je t’en prie, ne décroche pas. Si en phase tu restes alors Onze heure trente et une, dans une sorte d’électro de la lune, un peu tribale, te retiendra captif. Il obsède, de ses nappes à l’effet psyché à la dégaine de rengaine réitérée qui d’un seul coup s’interrompt. Imparable. Ce n’est pas fini, Finis Terrae déraisonne une dernière fois. Céleste mais bien entendu déviant, doté de voix songeuses et cinématographiques, il offre une ultime virée dans l’ailleurs, dans une recherche qui pour livrer toute sa sève vous contraindra à de multiples passages. C’est personnellement mon troisième, à l’heure où je boucle cet écrit, et certainement pas le dernier. L’assimilation, en effet, incite fortement à poursuivre l’expérience qu’initie No Tongues, le temps d’une galette bien plus recherchée que nombre d’autres sorties actuelles et passées mais aussi à venir.

reviewSeb Brunno tongues, ici
sathönay | addio al passato @ muzzart (fr)

Lyonnais, « propriété » de Nico Poisson qui gère aussi S.K Records (entre autres), Sathönay saze à souhait, développe de longues pièces hypnotico-fougeuses et sort avec ce Addio al passato son troisième album, après avoir connu différentes configurations. A quatre désormais (ah tiens, François Virot est de la partie! Good news!), les Rhodaniens ont capté ce disque dans l’isolement Vercorisé, allant jusqu’à nous concocter six morceaux étirés où le violoncelle de Léonore Grollemund, lui aussi, concourt à le décaler. C’est alors parti, Une Ligne Droite est justement sinueux malgré ce que son intitulé tend à faire croire. Il voyage, gronde, dépayse, se tribalise. Son chant flotte, incante. Son rythme, idem. L’imaginaire est stimulé, on pressent au bout d’une longue montée, la fissure. Mais non. Le discours s’écorche toutefois, on reste sur le fil du ravin et si la chanson prend vie, ou plutôt s’enfougue, c’est dans une forme de retenue. Intense, et bouillonnante. Electrique, il se tord et sert des sons qui couinent, magiquement. Dès le début Sathönay, dans l’identité, se place au devant. Long Long Walks est griffu, appuyé, tout aussi plaisant -et le mot est faible- que la composition d’ouverture. Le quatuor grince, sent le Turc quand le saz domine mais demeure avant toute chose Sathönay. Lyonnais, mais un peu d’ailleurs aussi.

Plus loin Find Another Use For It, dans un bricolage de début à la Tom Waits, dégage une belle pureté. Une force d’évocation, aussi, conséquente. Moins mordant, Sathönay présente là une autre facette de son riche répertoire. Le morceau, en sa moitié, s’emballe rythmiquement. Nous aussi, enfin en termes d’adhésion. Le Tour Du Jardin, de ses jolies notes, souligne tout à la fois l’éclat du rendu et l’apport du saz. Mélodique, singulier dans le mot, il n’a que faire de nos réticences. Difficile à décrire, difficile à écrire donc, le projet se saisit d’abord par une écoute poussée. Là encore, le titre breake et ensuite, impulse une autre direction sans porter atteinte à la valeur du résultat. Un tantinet psyché, dans la répétition de ses motifs. Et finalement, embarqué dans une belle embardée. Zébrée, lézardée.

On aime « grave », nul ne peut le contester. Extinction Of Extinction se charge alors d’entériner notre approbation, à grand renfort de parties de saz. Et pas seulement car de bout en bout c’est l’unisson de Sathönay, décisif, qu’il importe de noter. Au terme de l’opus High Flame, subtil, valsant, reproduit pour une dernière fois la magie enflammée, la capacité à évader l’auditoire via des sentiers Sathönay -parfois satinés- sans égal directement nommable. Lesquels, en dépit de leur durée fréquemment poussée, maintiennent une attention optimisée par leurs contours inédits.

sathönay | addio al passato @ les oreilles curieuses (fr)

En l’espace de deux albums, Sathönay trace sa route sereinement. La formation underground menée par Nico Poisson a réussi à s’imposer avec un Hello Sunny mémorable qui est paru l’an dernier. Et il est hors de question pour eux de se reposer sur leurs lauriers car voici venir leur troisième album intitulé Addio Al Passato.

Sathönay a également vu sa line-up quelque peu changer car il compte dans leurs rangs François Virot que vous connaissez très bien. Maintenant devenu un quatuor, le groupe continue de transporter au lointain dès le départ avec «Une ligne droite » où ils réussissent à établir un lien entre rock psychédélique, influences anatoliennes et krautrock hypnotique tout comme sur les ensorcelants « Long Long Walks » et « Find Another Use For It ».

S’inspirant aussi bien de King Gizzard & The Lizard Wizard qu’Altin Gün, le groupe lyonnais nous offre un trio acide aussi bien enivrant qu’inquiétant. Addio Al Passato pousse le vice encore plus loin avec les ritournelles psychédéliques entêtantes que sont « Le tour du jardin » et « High Flame » en guise de clôture endiablée. Sathönay marque au fer rouge leur identité sonore insaisissable et ô combien marquant.

sathönay | addio al passato @ des cendres à la cave (fr)

Le précédent Sathönay en version XXL (c’est-à-dire à plus d’un musicien) remonte à 2017 et au formidable Lost A Home. On retrouve sur Addio Al Passato tous les ingrédients qui m’avaient fortement accroché à l’époque. Le saz électrique (Nico Poisson évidemment), pièce maîtresse autour de laquelle tout s’articule mais aussi le violoncelle ouvert aux quatre vents (Léonore Grollemund) et la batterie élégante (François Virot) qui participent pour beaucoup à la beauté de l’ensemble. Franck Testud vient aujourd’hui compléter le groupe et sa basse s’intègre harmonieusement dans l’ossature, tapissant d’un velours robuste toutes les errances d’un disque plus que jamais fureteur.

Ça a toujours été le grand truc de Sathönay, ça. Le voyage. Dans sa version solo (Hello Sunny, le dernier en date, formidable lui aussi) ou à plusieurs, la musique s’en va toujours ailleurs, elle n’est pas folklorique ni ancrée dans un territoire déterminé, elle pose simplement ses pieds partout (ou nulle part) et dessine des enclaves souvent inédites du bout des orteils. Ça se balade en permanence, dans l’espace, dans le temps et ça se fout des étiquettes : on y décèle des effluves psyché en provenance des ’70s, de l’électricité plus actuelle mais aussi un souffle qui vient des Balkans – et encore, c’est réducteur, ça vient de partout – une transe soufie et tout un tas d’autres éléments glanés ici, là, avant, à ce moment-là. Ce faisant, Sathönay invente pas mal de choses nouvelles, fortement métissées et tout le temps prenantes.

C’est peu dire que le disque accapare. Parce qu’on a beau voyager en permanence sur le globe, on voyage aussi dans sa tête, à l’intérieur de soi. On entretient un lien vraiment ténu avec Addio Al Passato – enfin, c’est ce qui m’arrive avec cet album et par extension, avec ce groupe – qui se révèle, sur la durée, franchement hypnotique.

L’autre grand truc de Sathönay, c’est que tout ça se montre invariablement magnifique. Et ce ne sont pas que les mélodies, c’est le métissage entre les instruments, les intentions, c’est l’ensemble. Rien n’est doux mais rien n’est heurté non plus et c’est tout le temps habité. D’Une Ligne Droite pourtant bien brisée en ouverture jusqu’à High Flame en toute fin, Sathönay montre cette capacité à nous faire adhérer à tout ce qui sort de ses doigts.

Pourtant, rien de simple là-dedans. On pourrait même se sentir un peu intimidé devant les mélanges pratiqués par le groupe, faute d’en avoir tous les codes, mais pas de ça ici. La musique de Addio Al Passato est très personnelle mais s’adresse à tout le monde, elle n’est pas tournée vers les seul.e.s susceptibles de la comprendre puisqu’il s’agit avant tout de la ressentir. Il suffit pour cela d’accepter de se laisser porter par les morceaux, les suivre allègrement d’une transe habitée (Une Ligne Droite) à quelque chose de – relativement – plus classique (le côté presque indie de Find An Other Use For It ou High Flame), d’un psychédélisme vif (Le Tour Du Jardin) à un genre de folklore électrique (Long Long Walk, Extinction Of Extinction).

Il y a de multiples couleurs et odeurs – même celle du caoutchouc calciné – et énormément de richesse, de quoi en tout cas explorer longtemps. D’autant plus que l’ensemble a été excellemment capté dans une maison reculée du Vercors – « la batterie dans l’entrée histoire de condamner la sortie et la basse près du poêle à bois […] À l’étage, on avait le saz dans une chambre ouverte et le violoncelle dans une chambre fermée » – puis mixé par Domotic (Stéphane Laporte) après quelques retouches à Grrrnd Zero. Ça ne sonne jamais trafiqué mais au contraire, très vivant.

Je ne vais pas sortir un couplet facile sur l’intérêt d’une telle musique en ces temps de replis communautaires crispés mais quand même, le cœur y est ! Jouer un truc pareil, c’est foncièrement politique et ça fait la nique aux néo-fascistes de tout poil bien sûr infoutus de faire preuve d’une telle ouverture et donc de tolérer un tel disque.

société étrange @ bandcamp daily

Earlier this year, a mysterious record appeared seemingly from out of nowhere, with music that could well have come from the post-punk scene of the early ‘80s, and enigmatic cover art to match. The album was credited to Société Étrange (Strange Society), and its songs landed somewhere between the dubby punk of This Heat, the kosmische of Cluster, and the kind of early ‘80s oddity that would be re-issued by the label Minimal Wave.

In fact, Chance was the second release by a new French group whose brilliant debut Au Revoir, had gone pretty much unnoticed outside of the Lyon scene from whence it emerged. Société Étrange (originally La Société Étrange) began in a Lyon squat located on the tree-lined Passage Gonin on the banks of the Rives de Saône in the north of the city. It was there that Antoine Bellini—who handles the electronic elements of Société—and his old friend Romain Hervault, who handles the bass, lived in a communal household of artists and musicians. “We found this great place and built our studios and art space there,” says Bellini. “There was a big group of people living there. We had a room that was about 100-meters square where we would have performances and exhibitions.”

Rehearsing and performing within this community provided the perfect environment for a group like Société Étrange to take shape. “I’ve always seen myself more as an artist than a musician,” says Bellini. “And it’s very important for us as inspiration for our daily lives to be amongst all these different art forms.”

Also living in the house was a conceptual artist named Lou Masduraud with whom Bellini began collaborating on sound installations and experimental performances. It was thanks to another artist friend that Bellini and Hervault found the name for their band. “‘Société Étrange’ came from an art project by a friend who was building this huge structure, like a big boat, that people could live in, like some kind of utopian community,” says Bellini. “We were very close to this friend, so we asked him if we could use that name and continue his idea of utopia through our music.”

Au Revoir was released as a 10” in 2015 by S.K. Records. The small indie label was set up in 1998 as a platform for Lyon’s DIY community and featured releases that ranged from the avant-garde hip-hop of Rature to the electronic prog rock of Deux Boules Vanille. “When we started, we had no intention of releasing anything,” says Bellini. “We just enjoyed our playing together. But then our friend Nico at S.K. said, ‘You should release a record.’”

The duo’s debut was indebted to the funkier side of industrial music, as well as the trancier end of the German kosmische scene. “We listen to so many different types of music, and all that filters in,” says Bellini “everything from Throbbing Gristle to early Plastikman,” says Bellini.

Another resident of the Passage Gonin house was a musician named Jonathan Grandcollot, a member of the avant-garde band Pan Pan Pan, who rehearsed at the squat. Grandcollot would eventually become an integral member of Société Étrange, his drumming steering the group into a more rhythmic direction.

After a few years spent playing live and developing their new sound, the trio released Chance earlier this year on Bongo Joe in collaboration with Standard in-Fi. Here, Société Étrange’s post-punk tendencies collide with ‘90s post-rock (think early Tortoise), going deeper into the dub that gives their music space and texture. (“I love using a lot of echo pedals in the studio,” says Bellini.) Check the opener “La Rue Principale de Grandrif” where Hervault’s woozy bass and Grandcollot’s agitated drums swirl around in a sea of reverb and effects.

As they begin work on material for their next album, Bellini reflects on the creative process that keeps their music moving forward. “We usually start out with a rough plan of what we want to make, then sketch it out a little bit in rehearsal before we start to play it directly live,” he says. “And so a lot of the tracks are actually composed live, so it’s quite improvised. Sometimes it works for the best and sometimes for the worst. But it always means things evolve.”

no tongues | ici @ rumore (it)

Un video straniante ma fortemente evocativo accompagna il brano dei francesi No Tongues, Parrandada De Entroido De Canizo. Lo guardiamo in anteprima

Parrandada De Entroido De Canizo è il secondo singolo tratto da ICI, il nuovo album del collettivo francese No Tongues in uscita il 25 novembre su Ormo, Pagans e Carton Records. Il video musicale è stato diretto e montato dal regista francese Charlie Mars. Il disco lo potete preordinare qui.

La band ci racconta qualcosa del video fortemente straniante:

Con questo video musicale, abbiamo deciso di continuare la nostra collaborazione con Charlie Mars, un talentuoso regista francese che ha creato diversi video incredibili sin dal nostro primo album. Ha una visione creativa unica, piena di improvvisazione durante le riprese e molto ritmata per il montaggio. Abbiamo cercato in questo cortometraggio di dipingere una forza popolare misteriosa, potente e commovente. Abbiamo chiamato gli amici per stare in questa folla, abbiamo girato in uno dei nostri giardini… E Charlie ha dato alla luce queste persone guerriere! Ci piace!

No mancano nemmeno le parole del regista:

I nostri personaggi sono fantasmi o esseri viventi? I fantasmi vivono finché non li dimentichiamo? Siamo noi i fantasmi? Non ne ho idea. Volevo dar vita a una sostanza immateriale, materia mistica eppure tangibile. Fare domande invece di rispondere.

reviewSeb Brunno tongues, ici
no tongues | ici @ soul kitchen (fr)

arade inquiétante à la Midsommar ou joyeuse nuit des morts vivants ? Le chant entêtant d'Elsa Corre avec No Tongues est une transe qui aiguise notre sixième sens.

Si vous ne connaissez pas No Tongues, vous risquez d’être surpris et bousculé par ce quartette singulier qui sort chez Carton son nouvel album, Ici. Car c’est de l’ailleurs pourtant dont il est question avec No Tongues et ce charivari musical Parrandada de entroido de canizo filmé par le cinéaste Charlie Mars. Celui-ci précise, « est-ce que nos personnages sont des fantômes ou des êtres vivants ? Est ce que les fantômes vivent jusqu’à ce qu’on les oublie ? Est-ce que nous sommes les fantômes ? Je n’en ai aucune idée. Ici j’ai voulu donner vie à une substance immatérielle, de la matière mystique et néanmoins tangible. Poser des questions plutôt que d’y répondre. » Parrandada de entroido de canizo est une symphonie bruitiste, un sabbat ensorcelant et captivant où les vents inquiétants nous emportent tout en faisant lien.

Ici de No Tongues sera disponible chez Carton Records, Ormo, label historique du groupe et Pagans le 25 novembre.

reviewSeb Brunno tongues, ici