Balladur va sauver la France
Nous sommes le 1er décembre 2016, François Fillon est le candidat de la droite aux prochaines présidentielles, bonjour. Est-ce une raison suffisante pour se laisser sombrer dans la morosité ? Non. Car Balladur est là. Balladur sourit. Balladur sautille. Balladur chante. Balladur porte tous nos espoirs entre ses mains. Le duo de Villeurbanne sortait hier son nouvel album, Super Bravo, chez Le Turc Mécanique, pour notre plus grand bonheur. La release party avait lieu dans la foulée au Petit Bain dans le cadre du Labo Pop, qui, tous les deux mois, aligne avec amour ce qui se fait de mieux parmi la relève de notre nation, et ce bien au-delà des frontières de ce que pourrait laisser imaginer le mot "pop". Alors pourquoi Balladur va sauver la France ? Précisément pour les raisons égrenées ci-dessus : tout en composant une musique faite d'une myriade de couches où le melodica fricote avec une rythmique zouk, des interjections de batterie électronique à coucher dehors et des riffs de guitare comme le rock indé n'en fait plus depuis belle lurette, Balladur parvient à ne pas tomber dans la maîtrise des machines pour la maîtrise des machines et ne cesse de pondre depuis maintenant trois ans des chansons bizarres et belles et simples. Et digérer tellement d'éléments hétéroclites pour en faire un truc simple et beau, c'est pas donné à tout le monde. Ajoutons à ça que chaque live du groupe s'apparente à une véritable orgie sonore et physique - ils sont installés sur une grande table au milieu du public, ils se marrent, ils sautent, ils s'amusent avec les accidents, et ces cons arrivent même à être bons dans le registre de la ballade moite qui exhorte tous les couples présents à se languer tendrement. Balladur, c'est le futur.