For whatever reason, the name “Seb Radix” and the title 1977 had me thinking that this might be a document of some long-lost Belgian punk band—maybe I was thinking of Raxola or someone—but it’s actually the name of a contemporary French singer. Do make note. In any event, the album starts with a twenty-second instrumental that sounds like the intro riff to “Pretty Please Me” by the Quick, then tends to bounce around a bit stylistically, like a home-recorded Jazz Butcher with a punkish edge. M. Radix sings some songs in English and others en Francais—between the stylistic shifts (which, to be clear, aren’t Hootenanny level or anything like that) and the back-and-forth between English/French, I find it a little hard for this record to gain the necessary brain traction to really get into it. I think he’s at his best when he sounds like a mildly punkier Jags (“People”), but on the whole this album struggled to hold my attention despite the fact that I don’t dislike any of it. I do hold out hope that the elusive pulsebeat of this album becomes more apparent with repeated listenings, but for now I think this crepe needs a little more Nutella®.BEST SONG “People.” BEST SONG TITLE: “Mind the Bomb.” FANTASTIC AMAZING TRIVIA FACT: This is the first record I’ve ever seen with a “remerciements” list. –Rev. Nørb (Self-released)
Four majestically crafted and diverse-sounding French pop songs from this eccentric Lyon punk. The two songs on the A Side are both in English and offer up a potent amount of bounce with direct lyrical themes that most every punkperson with a heart can relate to. Side B est dans français and kicks off with some gritty, heavy, Seger-style (Bob, not Pete) rocking, before culminating the EP with a serenading and elegantly executed ballad. As usual from Seb, you get a final product that’s not only rich on creativity, but masterfully carried out. And you gotta respect the brutal honesty in a line like: “I’ve loved a lot of bands, musicians, singers, songwriters. Some that I’ve met, some I’ve met and regret
C’est quoi ce bordel ? C’est quoi ce disque ? C’est quoi ce titre ? Et ces invités ? Andy Kerr (oui oui, celui d’Infamous Scientists ou Nomeansno entre autres), Mike Watt (idem, LE Mike Watt) ou John No (même chose : Triclops ! ou Street Eaters par exemple) ? C’est quoi cette musique ? De prime abord, 1977 entraîne un milliard de questions. Et après de multiples écoutes, il n’apporte aucune réponse.
Il passe systématiquement du coq à l’âne, n’investit aucun pré carré stylistique dans lequel il resterait bloqué, prend un malin plaisir à sonner comme du Bowie ou du Sly & The Family Stone ou du Nino Ferrer ou du Pierre Vassiliu ou n’importe qui d’autre et la liste est bien sûr bien loin d’être exhaustive. Il mélange les langues mais quand il n’est pas chanté en français, c’est un anglophone qui s’occupe du micro. C’est aussi un siffleur professionnel qui s’occupe des sifflements (le frère de Seb Radix, sur Le Chant Des Perdrix). Un batteur qui tient la batterie (et pas des moindres, c’est Oli [Malaïse, Death To Pigs ou Zone infinie] qui secoue les baguettes sur beaucoup de morceaux). Un saxophoniste (Cyril Darmedru de Grand Bario ou Miss Goulash entre autres) pour le saxophone (et le shakuhachi, flûte japonaise d’origine chinoise à cinq trous). Bref, quand Seb n’a pas l’impression de maîtriser ce qu’il joue ou chante, c’est quelqu’un d’autre qui maîtrise mieux que lui qui prend sa place.
Du coup, il s’occupe de la basse et de la guitare et du chant. Et de l’écriture des morceaux.
Et ça, oui, clairement, il maîtrise.
C’est qu’il en faut de la maîtrise pour balancer des solos tels que ceux qu’il balance dans SMS, M&M’s & MST ou Police Milice par exemple. Il en faut également pour multiplier les grands écarts temporels et mettre un pied dans les ’70s tout en sonnant contemporain, pour sonner folk puis funk puis pop puis punk puis expé l’instant d’après ou comme Bobby Conn un peu plus tard (et un peu tout le temps aussi, c’est assez inexplicable). Il en faut encore pour faire rimer « calva » avec « calvitie » (sur Aire d’Autoroute Vide) par exemple, ou expliquer qu’ « on ira se promener/on ira avec la CGT » et que « Tu vas pas perdre un œil/Tu vas pas te noyer » . C’est sans doute très ironique mais murmuré avec une telle conviction qu’on se demande en permanence si tout cela ne serait pas à prendre au premier degré. Bref Seb maîtrise et ce qu’il ne maîtrise pas, ses Rhââ Dicks le maîtrisent pour lui.
Avec tout ça, l’album passe très vite et multiplie les points d’orgue qu’on n’avait pas vus venir : les courts interludes comme Baby Fight et Mind The Bomb (trente-cinq secondes pas plus durant lesquelles Seb Radix rencontre Oli) bataillent avec des morceaux plus longs où Radix Seb change de peau et décrit sa vie par le menu (se grimant même en Sardou sur Voyage par exemple sans paraître ridicule ou agaçant, avec un texte hyper malin et très vrai en sus) et d’autres encore où il explore ses goûts musicaux que l’on sait larges eu égard au pedigree du bonhomme qu’un article multipliant les signes au-delà du raisonnable ne suffirait de toute façon pas à résumer (Ashtray chanté par Mike Watt sonne par exemple comme du Outkast ; La Mémoire Sélective, chanté par lui-même, comme du Heavenly et ainsi de suite).
C’est à la fois iconoclaste et très sérieux, léger et extrêmement maîtrisé, rempli de poil à gratter mais vraiment touchant, toujours hyper bien fait et ça donne plus d’une fois l’impression d’entendre la psyché de Seb Radix ou d’être complètement immergé dans son cerveau. On se sent oiseau avec lui, on se sent guitar hero, on se sent punk, on se sent tout ce qu’il peut se sentir lui-même et on endosse ses divers costumes qui, in fine, le définissent (probablement) complètement.
En plus, tout ça sonne parfaitement et donne l’impression de débarquer d’une faille temporelle qui nous ramènerait aux ’70s en général et à 1977 plus particulièrement (Bruno Germain à la captation qui s’est aussi occupé de programmer quelques patterns de batterie électronique sur quelques morceaux). Il est donc très difficile de rester de marbre devant cette collection de chansons à tomber qui permet à Seb & The Rhââ Dicks d’accéder au statut tant recherché de meilleur groupe solo de tous les temps de l’année 1977 de 2023 et de l’univers tout entier de l’Internationale noise de Lyon.
“On ne peut s’empêcher d’être ébloui par la combinaison jaune poussin et les paillettes sur les joues de Fanny Meteier qui, centrale, illumine la scène.”
“Notamment Marco Luparia, [...] on sait le jeune homme passionné par les rapports entre la percussion et l’électronique dans des soli remarqués où la surface a toute son importance”
C’est d’la Musique Rasoire -mais géniale-, à écouter depuis ta Table Basse jonchée de Records -donc proche-, Coolax comme c’est pas permis. C’est Seb Radix, de Lyon, qui conçoit quatorze titres où lo-fi, énergie punky débraillée, pop de travers et mélodies sensibles se tirent la bourre, sous le joug de guests de renom. On entend par exemple, sur ce 1977, Andy Kerr de Nomeansno, Mike Watt des Minutemen ou encore John No de Triclops. Et encore, je résume. Toujours est-il que Jack Sharp, en 20 sec’ chrono, instaure une trame vive, poppy mais appuyée, qu’on aurait aimé plus longue. Qu’à cela ne tienne, SMS (feat. Andy Kerr) dégaine un fatras noisy/country aux ritournelles aussi soignées qu’écorchées de par leur enrobage. Concluant, et on est encore loin du compte. La Memoire Sélective, chanson in French vaguement yéyé, fait mouche à son tour. Le registre est large, bien serti, instrumentalement ouvert. On s’en réjouit. Baby Fight, riffeur, destroy, balourde une demi-minute en rut. Puis Cactus Fleuri, entre textes bellots et ruades nerveuses, soudaines alors que le reste se veut sage, persuade autant. Il crie, mais reste beau. On est preneur, comme tu le seras.
Voyage, retenu, où les rimes amusent et disent des choses vraies, en remet une lampée. 1977, c’est une valeureuse galette. La fin du titre s’emporte, puis rideau. Alors Ashtray (feat. Mike Watt), stylé et soutenu, dépose une autre perle. A chaque balise, de toute manière, on s’attarde avec un enthousiasme non feint. Le band joue bien, sincère, sans esbrouffe aucune. People (feat. John No), cuivré et acéré, twiste dans le rude. Merveilleux. C’est indé, ami d’écoute. Indé et puis c’est tout et c’est déjà beaucoup. Le Chant Des Perdrix, de plaine, sème fleurs folk et sifflotements légers. Il est, comme les autres, décoré avec panache. Superbe. M&M’s, tirée punk minimale, crédite le Rhodanien. Une fois de plus. Mind The Bomb suit, dans la vigueur itou, en rafales jusqu’à pas même 40 secondes. Et ça suffit.
Dans la foulée Aire D’Autoroute Vide, dénudé, bluesy, brille la vie. Damned, ce 1977 est un sans-fautes! Pince A Linge, en 1’11, y glisse de la lo-fi teintée à la no-wave. A la conclusion échoit Police Milice, où un sifflet tranquillou s’invite. Posée mais expressive, puis plus éraillée, voilà une chanson terminale qui tout en se faisant apprécier, grandement, met fin à une série de haut vol. Une rondelle faite maison, à la Radix évidemment mais avec des convives de premier ordre, porteuse de compositions au potentiel très largement au dessus de la moyenne.
Dear readers, in this article we have the pleasure of offering you an interview with a French power trio that offers Experimental Rock sounds. We welcome Abacaxi.
Hi, it is a real pleasure to have you among our pages, how are you?
“Ciao Progressive Rock Journal,
We are pretty good, thank you! We feel like a pineapple who wants to release his sugar!“
You are a power trio called Abacaxi, how did the project and the choice of your name come about?
“Abacaxi is coming from a Brazilian expression. Abacaxi means pineapple in Portuguese from Brazil. Brazilians use to say «oh, tem um abacaxi» which means litterally, «there is pineapple.» But the expression means : everything start very well but something went wrong the way ! And it resumes perfectly the music of Abacaxi.“
Proposing Experimental Rock sounds, how did your passion for these sounds come about?
“After few and long trip in Brazil, Julien Desprez got a lot of influence from the brazilian music. Maybe not that much in terms of aesthetic but more about this music is very open in termes of rhythmics and the very large soundscape of it.
It gave him the idea to creat this power trio Abacaxi where he decided to mix type of sounds we don’t that much together. Like Noise and Funk or Reggaeton and experimental music.“
Your new album ‘Quetzal’ was released on October 2024, how would you describe this work?
“Quetzal is a very small bird from central america. Full of different flashy colors, it represents pretty well the big diversity of sounds you can hear through the album. It gives also a small taste of jungle as this bird leaves inside it.“
A long 7-part suite plus two other tracks make up the album, what themes does the music deal with?
“The music is dealing with colors. By putting different type of layers, like noise layers/rhythmical layers/harmonic layers, we create a color palette that we use to built the music. So the process is very close to paint! Then the taste of the music depends of which layer we put in the front!“
Entirely instrumental, intense and elaborate, how does the creative process of your music take place?
“Basically, Julien Desprez brings to the band an idea of composition. Those different layer we were speaking about before are already set. Then the band research how we can play them together. But then, it pushes the musicians, particularly the guitar player (Julien Desprez) and the bass player (Jean François Riffaud) to think them instrument in a new way. It means we dont’t think the effect pedals like just effect. We see it more like realinstrument, so it creates a new of playing by separate the action from the feet (who plays the pedals) and the action from the hands on the guitars. At the end, the way of playing for them is closer to a drummer skills than a guitar player ones.“
This is your third record release, how has your sound evolved over time?
“This is our second album! The first one, Mainstream Desire, was released on Carton Record, only digital, in march 2021. Between the both album, the sound evolution went from more classic free-rock to what we do today : a mix of different aesthetic played in the same time. So a music who contains different spaces. Like party feeling who meets riot feelings.“
Many of our readers and your fans wonder if there will be a chance to hear your music live, do you have plans in this regard for the near future?
“Yes, different tours are planned in Europe at the end of the year. 2025 is a bit more quiet but the next one will be the 14th May at la Bellevilloise in Paris for the release of a live album on B-Records!“
Music is constantly evolving, especially experimental music, how do you see the modern scene in your genre?
“Which is good in experimental music it’s that the boundaries of this aesthetic is alway very blurry! So it creates a space where genre, style, aesthetic can meet others in a non mainstream way and we love that! It also opens to more performative art practice which we also feel close to.“
What advice would you give to young artists approaching music with more sophisticated sounds like yours?
“Just go for what you hear! Trust what you feel and what you hear inside you. Be confident with yourself, be passionated by what you do. But develop also the capacity of patience, humility and caring.“
Do you have any other activities or artistic passions outside music?
“Food, philosophy, running and politic. Politic is not really something we are passioned
by it just something necessary today.
Then we are food lovers!!!“
I thank the band for the interview and wish them all the best for the continuation of their artistic career.
“Thanks to guy guys! We wish you the best as well.“
RZWD – Gaps (Carton Records) – On Gaps, RZWD tell us they aimed to “craft dance noise club music on their own terms, pushing the limits of what a live band can be in achieving this”, they go on to tell us that “the core idea behind Gaps was to use developed themes as a starting point for further variations and exploration within Dance noise club music. This time, the instrumentation includes bass and an ever-expanding, mutating layer of modulation” – scrub all that though, this sounds far more instictive than they make it sound, if this is dance music then the dancing is going to be wildly all over the place and well, if you like dance music by all means tune in and dance like a maniac, more importantly, if you don’t like dance music then definitely tune in! This is for everyone, this is other rock, this is pointy, this is sharp, this is delightfully fractured, warm, inviting, this is fluid in an awkwardly good way. It is mostly electonic, it feels very organic, analogue in terms of texture and yes that might be one of several contradictions just made but who cares, bottom line here is this is really really good – mutating layers of modulation indeed, played beyond rigid tempo measurements. Recorded live as a live band, that bit is crucial to what is going on here, recorded in 2023, released in the Autumn of 2024 and sent to us in the second week of 2025, it might have figured somewhere on that (rest of the) best albums of ’24 if it had landed here in time…
“je me souviens d’une nouvelle lovecraft assez folle où un personnage génère des sons totalement inhumains juste avec une guitare acoustique. Ça m’a beaucoup inspiré à l’époque”
Pour le troisième épisode de leur résidence sur nos ondes, Hatch Asso donnent la parole à Somaticae, musicien électronique explorant techno, idm et noise au sein d’atmosphères saturées et frénétiques.
Vous venez d’enchaîner trois résidences à Lyon Genève et Paris. Pour Paris, on sait que c’est un duo avec Claire Gapenne, plus connue sous le nom de Terrine. Ça risque d’être assez terrible, on peut en savoir plus ? Et sur les autres résidences ?
Avec Claire nous avons eu la chance de faire une résidence aux Instants Chavirés à Montreuil en janvier 2021, puis une autre à Grrrnd Zéro à Lyon en avril 2021. Claire est une artiste que j’ai souvent croisé sur la route et dont j’apprécie beaucoup la musique, dans son solo Terrine ou encore son duo Me donner. Comme nous utilisons de manière non conventionnelle la même marque de machine, il était temps que l’on essaie de faire un duo. Duo qui s’appelle maintenant Jazzoux, dont je suis très enthousiasmé par les premiers résultats ! Je dirais qu’on mélange différents styles comme la noise, la techno et l’electronica avec une pointe de dérision. On espère réussir à faire une sorte de jazz de machines du futur.
J’ai pu aussi faire une résidence au Confort Moderne à Poitiers, et à l’Autre Canal à Nancy pour mon duo Od Bongo avec Edouard de C_C. Nous avons entamé la création d’un live spécial qui sera un show lumière immersif créé par deux régisseurs lumières de Poitiers, Louis et David.
D’autre part, j’ai aussi commencé un nouveau duo avec un ami écrivain et musicien, François Fournet : on commence à produire une musique électronique assez dansante, avec des rythmiques coupé-décalé juxtaposées à des mélodies plus mélancoliques.
Vous travaillez sous différents pseudos, pouvez-vous nous les présenter ?
J’emploie mon nom et prénom, Amédée De Murcia, lorsque je tente une incursion vers les territoires de la musique électro-acoustique, comme pour le disque que j’ai sorti sur Tanzprocesz “Mangé par les oiseaux”, qui utilise différents dispositifs de larsens de pédale d’effets ainsi que des appeaux pour oiseaux. J’ai aussi utilisé mon nom et prénom lorsque je m’amusais à utiliser le champ électromagnétique d’une perceuse, pour un concert lié à une exposition à la galerie L’œil de bœuf à Lyon, tandis que le pseudo “Roger West” était une courte tentative dans un univers proche de la vapor wave, du plunderphonic et de la house lo-fi. Mais actuellement en solo, j’utilise surtout mon alias Somaticae, alias que j’emploie en réalité depuis mes débuts. Pour synthétiser, je dirais que c’est le pseudo que j’utilise lorsque je mélange des rythmes, des bruits, des sons concrets, avec parfois des mélodies plus ou moins dissonantes. Le résultat est un croisement entre techno, noise, electronica, dub, ambient, industriel, mais aussi électro-acoustique.
Vous êtes sur de nombreux labels, dans des formats toujours différents, chez Fougère et Third Type Tapes en K7, sur In Paradisum en vinyle, sur Tanzprocesz en cd ; le support physique conserve une importance pour vous ?
Le support physique me plait toujours car j’aime beaucoup demander à des ami.es artistes visuel.es dont j’admire le travail de créer mes pochettes. J’ai ainsi eu la chance d’avoir une pochette de K7 par Willy Tenia de Kakakids Records pour “Le premier matin”, ou encore le graphisme du vinyle “Amesys” par Alban de Liquide Test Press.
Vous faites de la musique depuis votre enfance, quelle autre passion/activité vous anime ou occupe votre temps ?
Pour être honnête cette passion a absorbé toutes les autres depuis longtemps, et je ne sais pas faire grand-chose d’autre. Presque toutes mes activités tendent vers la musique. Par exemple, parfois j’aime bien organiser des concerts (dans le collectif Si), m’occuper d’un fanzine musical avec des amis (Fond De Caisse), ou encore prendre des photos de la petite vie musicale et alternative que je fréquente entre la France, la Belgique et la Suisse.
Pour Oligarchie, les bénéfices étaient reversés, pour Amesys* aussi, c’est important de vous engager ?
Oui, à ma petite échelle d’artiste j’ai parfois souhaité afficher mon engagement dans différentes luttes que je soutiens. Les bénéfices de la K7 “Oligarchie” étaient reversé à une caisse de solidarité lyonnaise qui aide les victimes de violences policières, tandis que les bénéfices d’”Amesys” seront reversés à la quadrature du net, une association qui lutte contre la surveillance de masse favorisée par différents logiciels.
*Amesys est le nom d’une entreprise française, fleuron technologique « responsable des technologies logicielles de surveillance utilisées par plusieurs dictatures à travers le monde »
Le quotidien Libération vous présente comme « l’un des explorateurs du boucan français », ça représente quoi pour vous ? Le public augmente, l’écoute sur Bandcamp explose ? Les ventes ? Une suite de projets s’empile dans votre boite mail ?
J’ai la chance d’avoir eu quelques articles dans de la presse (spécialisée ou non), d’avoir joué dans quelques festivals avec de l’affluence, mais malgré cela je reste conscient du fait que ma musique reste et restera toujours confidentielle. Donc évidemment non, pas d’explosions de vente, de likes ou d’écoutes. Mon but est de faire de bons morceaux, de bons albums et de bons concerts, qui je l’espère inspireront certain.es comme certain.es m’ont inspiré. Et puis peut-être que de cette manière, je serais un jour reconnu plutôt que connu. Par contre j’ai toujours pas mal de projets sur le feu, en effet !
Vous jouez et vous avez joué dans de nombreux lieux où la programmation est pointue, et le public « spécialiste » ou ultra curieux. Vous arrive-t-il de jouer dans des lieux moins habituels ? Pour un projet particulier, pour un public différent ?
Il est vrai que pour l’heure je n’ai pas souvent rencontré un public diffèrent de celui de la musique de spécialiste, même si suivant les lieux ce public change : ce ne sont pas toujours les mêmes personnes lorsque je joue dans un squat, une galerie, une salle alternative ou encore une SMAC. En tout cas, passer d’un lieu à l’autre reste très stimulant.
J’aimerais un jour rencontrer le monde de la danse contemporaine et son public, car c’est un univers qui m’intrigue et qui m’est encore bien étranger.
Sinon, j’ai eu le plaisir de jouer dans la rue avec le projet DAB, projet où nous rendons audible le champ électromagnétique des distributeurs de billets de banque avec Jérôme Finot et d’autres amis. J’ai aussi réalisé une performance amusante avec un autre ami, Romain De Ferron, où nous jouons à partir d’une Peugeot 205 amplifiée par divers micros. Cette performance appelée “Sacré Numéro” ne peut pas se jouer partout, comme on peut le deviner. À l’avenir, si nous nous amusons à reproduire cette performance, nous pourrions peut-être la jouer pour du théâtre de rue, mais c’est là encore un monde que je connais bien peu.
Pouvez-vous nous confier l’évènement qui vous a marqué dans votre carrière/parcours musical ?
Je pense que l’un des évènements qui m’a marqué fut la rencontre avec un lieu alternatif de musique et de film expérimental à Grenoble, lorsque j’étais étudiant : le 102 rue d’Alembert.
J’ai vu là-bas des artistes utiliser de vielles machines en les détournant : par exemple des projecteurs 16 millimètres projetant de la pellicule détériorée en live, des enregistreurs à bandes bouclées sur eux même, des jouets pour enfants circuit-bendés, des improvisations vocales acoustiques, ou encore un énorme tambour dont la peau était frottée avec une cymbale, etc… et on peut ajouter à ces découvertes le documentaire expérimental, le vin naturel, la nourriture vegan ou encore la sérigraphie ! Donc on peut dire que j’ai fait mes premières classes dans le DYI au 102.
Enfin, auriez-vous un disque sorti cette année, à nous recommander ?
Alors la chose la plus récente que j’ai adorée en musique, ce n’est pas un disque. C’est le streaming d’un concert de Jessica Ekomane au Haus der Berliner Festspiele. Dans ce festival en l’honneur d’Halim El-Dabh, pionner arabe de la musique électronique, elle joue sa pièce « Une musique enrichie par des traditions venues du fond des âges ». J’ai beaucoup aimé le minimalisme, la simplicité de sa musique lors de ce concert. Il me semble qu’elle travaille sur ordinateur avec un logiciel modulaire où on peut construire sa musique avec des lignes de codes, des algorithmes. Pourtant, le résultat est très différent des autres auteurs de ce style (je pense à Renick Bell, glacial et mental). Ici la musique n’est pas tellement froide et moderne, mais plutôt douce et chaleureuse. Il y a quelque chose d’un peu 70’s qui me rappelle le sentiment qu’on peut éprouver en écoutant les plus beaux morceaux de Laurie Spiegel. C’est intelligent sans être chiant, et on peut écouter distraitement comme attentivement. Bref, j’espère que ça sortira en disque !
OD Bongo sort le disque parfait pour accompagner la crise des missiles nord-coréens
On écoute Mami Wata avant le passage du trio ce soir à La Station. Le trio electronica tribale OD Bongo - soit le pilier d'In Paradisium Somaticae + le producteur techno-bruitiste C_C + le vidéaste Hugo Saugier - sort un nouveau disque en coproduction S.K Records / Serendip Lab.
Un casting qui ressemble pas mal à un rêve mouillé de la rédac du Drone et un premier morceau en écoute qui ressemble très précisément à l'idée que l'on se fait d'une rave party dans une warehouse de Libreville dans sa combinaison entre techno martiale et transe maboule.
Le trio sera ce soir de passage à La Station - Gare des Mines aux côtés de Bajram Bili, Vox Low et Christeene, Niobium Beats se commande ici et ici, "Mami Wata" s'écoute ci-dessous.
Puisqu'aujourd'hui il suffit d'aller faire une descente dans les bas-fonds de Google pour faire le tour du monde, OD Bongo ne se gêne pas. Hugo Saugier, vidéaste spécialiste du «feedback» et vidéo-jockey en chef du groupe, y a glané l'intégralité des images du film cinétique et coloré qui accompagne la longue excursion industrielle et virtuelle d'Horus que nous vous proposons de découvrir aujourd'hui. Et le dépaysement est total, à la condition de se plonger dans le noir pour le regarder, puisque l'esprit passe en huit minutes de la savane à Wall Street par l'œil, et d'un accélérateur de particules à l'Egypte ancienne par les oreilles, sans avoir besoin de poser les pieds dans un moyen de transport en commun ni d'ingérer la moindre molécule psychédélique.
Magie du montage, de la synesthésie et des couleurs désordonnées, l'expérience est à prolonger muni de Niobium Beats, premier disque vinyle d'Eduardo Ribuyo (alias C_C), Hugo Saugier et Somaticae (alias Amédée de Murcia), récemment paru chez Serendip/S.K. Records.
Souvenez-vous bien, en Juillet 2013, le jeune Somaticae, nous avait aimablement giflé avec la sortie de son LP, Catharsis sur In Paradisum, habile métissage de Noise, Dark Ambient et Techno industrielle. Repéré auparavant par le biais du single Pointless puis grâce à une prestation Noise Techno chevronnée en première partie de Vatican Shadow lors de la dernière édition de la Villette Sonique. Intrigués et admiratifs, nous avons donc décidé d’en savoir un peu plus sur cet artiste prometteur pour qui la musique ne se pense pas en points, virgules, brisures et segmentations mais comme une lente expiation, un cheminement vers l’hybridation sonore.
CV : Salut Somaticae, peux-tu nous parler de ton parcours ? De ce qui t’a amené à la musique ?
S : Salut ! Alors, je vais essayer de commencer depuis le début. Personnellement mon parcours s’explique en grande partie avec la musique. Depuis que je suis ado’, mes 12 – 13 ans en fait, je bidouille de la musique électronique. J’ai commencé parce que dans l’ancienne maison de mes parents, mon père avait une petite boite à rythme avec un vieil enregistreur sur lesquels il s’enregistrait à la guitare. J’ai tout de suite joué avec. Je m’enregistrais sur des cassettes, tu sais. C’est peu de temps après le truc que tu as quand tu es gamin où tu fais tes propres compilations, et bien, moi, très vite, je me suis fait des compilations avec mes petites expériences sur boîte à rythme et du coup, cette approche a influencé tout le reste. Rapidement je me suis mis à chercher des musiques qui avaient été composées seul, en musique électronique et dans d’autres styles d’ailleurs. Ouais donc effectivement tout a commencé très jeune.
CV : Comment la transition du DIY enfantin « je fais mes compils et mes bidouillages dans mon coin » à l’idée de sortir un album s’est-elle faite ?
S : En fait, ça s’est fait très tôt, de façon quasiment simultanée à ma découverte de la musique électronique. J’allais régulièrement à la médiathèque du coin, je cherchais des albums avec des pochettes bizarres – typiquement une nana avec une énorme poitrine et la tête d’Aphex Twin (Windowlicker, NDLR) –. J’ai découvert tous ces trucs un peu par hasard et puis j’ai fait le recoupement petit à petit. Je me suis dit : « C’est dingue ça ! Je ne sais pas comment le faire mais je veux le faire ! ». Ca a été une révélation, dès que j’ai eu 14 – 15 ans, je savais que c’était ça que je voulais faire. Bon, évidemment quand tu es au collège \ lycée, ce n’est pas vraiment la meilleure ambition que tu puisses avoir pour ton parcours professionnel, mais qu’importe…
CV : Malgré tout, tu as grandi avec des parents musiciens, si j’ai bien compris. Tu as sans doutes bénéficié du soutien de ces derniers, non ?…
S : Oui, mon père était musicien amateur. C’est grâce à lui que j’ai pu écouter des trucs comme Vangelis et pas mal d’autres choses, des sons qui sont restés.
CV : D’accord, tu parlais tout à l’heure de Windowlicker d’Aphex Twin. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur les artistes qui t’ont influencé, ceux qui t’ont amené à la musique que tu produis actuellement ?
S : Ouais, comme je le disais tout à l’heure, j’allais à la médiathèque et je demandais des trucs bizarres. Tu sais, c’était toute cette époque du sampling, du Hip Hop sans paroles. On m’a conseillé des trucs comme le premier Peuple de l’Herbe, Troublemakers, etc. Mais assez vite, je me suis mis à chercher des trucs plus bizarres et sans vraiment savoir où je mettais les pieds, je me suis retrouvé à écouter Windowlicker et l’album d’Autechre de 1997, Chiastic Slide. Ce qui fait que je suis rapidement tombé dans l’Electronica et l’IDM avec tous les artistes du genre que tu connais certainement aussi et par la suite, je me suis demandé qui avait inspiré ces artistes-là. C’est comme ça que je me suis mis à chercher et à écouter de la musique contemporaine, de la musique concrète. J’étais comme tous ces mecs qui cherchent sur internet les influences de leurs artistes préférés sans vraiment se soucier du genre.
CV : Oui, d’ailleurs toute cette démarche de recherche, de digging, elle se ressent clairement dans tes productions. On y retrouve beaucoup de genres mêlés, d’influences. C’est sans doute ce qui nous a marqué dans tes sorties. On y retrouve de l’Experimental, du Dark Ambient, du Drone parfois, sans doute du Métal et aussi une vraie empreinte Techno. Quelles ont été tes influences dans ces genres plus particulièrement ?
S : Oui, c’est vrai que je fouillais sans vraiment me soucier du genre. Et d’ailleurs, j’ai pris des claques notamment pendant ma période Breakcore, je pense à Venetian Snares où on retrouve aussi des tracks Ambient très sombres qui m’ont amené vers la Dark Ambient. Je pense récemment à The Haxan Cloak par exemple. Tous ces artistes m’ont aidé à trouver ce que j’aimais et à élargir ma palette de sonorités et l’approche que j’avais de mes productions.
CV : Ouais effectivement, nous aussi on aime beaucoup The Haxan Cloak. Mais assez parlé d’influences, revenons-en à toi. Peux-tu nous parler de ta première sortie, Coninae sorti sur Annexia ? Comment cela s’est-il passé ? Comment as-tu rencontré le label qui a accepté de sortir ton LP ? En bref, le début de ton parcours musical \ professionnel.
S : En fait, tout ça s’est passé à ce que j’appelle la grande époque de Myspace. Voilà, à l’origine, je n’avais aucune connaissance en logiciels de musique ou peu, bien qu'à l'époque, je composais de la musique sur mon ordi depuis à peu près 2 ans. C’était une démarche complètement virtuelle, je n’avais pas encore, rencontré de personnes dans le milieu. J’étais sur Myspace qui était à l ‘époque une vraie communauté, c’est d’ailleurs comme ça que j’ai rencontré Paul (Mondkopf, NDLR). Et puis, au bout d’un certain temps, j’ai été contacté par des toulousains, qui me disent qu’ils montent un label, Annexia et qu’ils aimeraient sortir un album de mes compositions. Moi, j’étais très jeune, j’étais en seconde, et j’étais super heureux. J’en ai tout de suite parlé à Paul qui a aussi produit un album pour eux qui est sorti peu de temps après. Malheureusement, il me semble que le label s’est assez rapidement cassé la gueule… En fait, au moment de la sortie de mon album j’ai été assez surpris, ils ont sorti 500 copies de CD, dont 200 CD promo qui m’ont été envoyés. Ce que je n’ai compris que plus tard c’est que c’était à moi d’envoyer mes promos ! Ils n’avaient pas vraiment de canal de distribution. En fait je crois que le distributeur s’était retiré alors que eux avaient déjà pressé et packagé tous les CDs. D’ailleurs, je crois que j’en ai encore plein dans des cartons. Ce qui fait qu’au final, le CD n’est jamais vraiment sorti. J’avoue avoir été à la fois fier et très déçu mais j’étais jeune et je voulais vraiment continuer sur cette voie donc j’ai continué à parler à pas mal de personnes sur Myspace. Je me suis mis à sortir ma musique sur des Net labels, comme Cold Room ou Brainstorm Lab. Je n’avais plus vraiment d’espoir de sortir quelque chose sur un vrai label mais je ne me suis pas arrêté pour autant. J’ai continué à produire de mon côté et à envoyer des démos un peu sans conviction. Malgré tout, je continuais à faire des lives car j'en avais un que j’avais composé sur Reaktor. Enfin bref, j’étais quand même resté en lien avec Paul qui, lui, avait super bien marché pendant tout ce temps. Il rencontrait de beaux succès avec son manager. Et en 2010 ou 2011, ils ont lancé In Paradisum. Ils se rappelaient de moi mais mes compositions ne les intéressaient pas forcément, c’était trop IDM pour eux. J’avais malgré tout un certain nombre de compos Dark Ambient et aussi Techno live, Experimental qui, en revanche, les intéressaient. C’est comme ça qu’ils ont sorti mon EP, Habillé Comme Un Chewing Gum (Dressed Like A Bubblegum, sorti en 2012, NDLR). C’est ce qui m’a relancé dans mes productions. Ca m’a aussi permis de m’intéresser de plus près aux productions Indus plutôt que Braindance. Du coup, les trucs comme les nouveaux Mondkopf ou Perc. Et c’est devenu très clair, je me suis dit : « Ca je peux le faire, ça j’aime » et c’est aussi de là qu’est venu l’album Catharsis (chroniqué ici).
CV : Ouais, ce qui est plutôt bien tombé puisque 2012, c’est aussi la pleine résurgence Indus \ Techno. On l’a vu et on le voit avec des labels comme Perc Trax, Sonic Groove ou She Works The Long Nights, etc. C’est aussi ce qui nous a fasciné avec ton album Catharsis, c’est qu’à la fois on avait l’impression que c’était complètement dans l’air du temps avec cette tonalité Indus mais aussi et surtout que ça avait commencé bien avant cela que c’était plus profond que cela puisque tu y oses des expérimentations (rythmiques et sonores) qu’on ne retrouve pas nécessairement dans ce sous-genre. Dis nous-en plus sur la période de la production de cet album ? Comment cela s’est fait ?
S : Ca me fait plaisir que vous ayez remarqué cela parce qu’en fait au moment de la composition de l’album, j’étais très en lien avec In Paradisum donc j’écoutais effectivement des artistes des labels dont tu parlais ou encore Ancient Methods ou AnD. Je trouvais ça génial mais je me disais parfois à l’écoute que j’aimerais que ça aille un peu plus loin et puis je voulais aussi et surtout utiliser mon background musical pour cet album. Notamment pour tout ce qui est de la musique contemporaine, musique concrète ou électroacoustique. A cette époque, j’allais de plus en plus souvent dans des squats de musique Noise, des endroits improbables avec des artistes complètement barrés qui se mettent à poil et se jettent contre des murs. Je trouvais toutes ces expérimentations sonores très intéressantes. J’écoutais aussi beaucoup de musique improvisée où les artistes construisent eux-mêmes leurs instruments et se lancent dans des improvisations totales, parfois même simplement a capella. Donc j’avais vraiment le besoin aussi de m’inspirer de tout ça, la volonté d’essayer de faire un peu différemment de la vague 2.0 (résurgence Indus Techno) et puis j’aimais beaucoup la Techno des 90’s qui était aussi en plein retour avec des mecs comme Regis ou Shifted et enfin toutes mes influences Breakcore \ IDM qui reviennent finalement assez souvent lorsque je compose. Donc en fait, je voulais faire des ponts entre toutes ces musiques qui ont un point commun, qui est de bousculer l’auditeur, de le surprendre, de l’effrayer, en tout cas de le faire sortir de ses habitudes. Ce qui m’intéressait et m’intéresse, c’est l’hybridation musicale. Ca s’explique aussi parce que j’ai passé beaucoup de temps à essayer de coller à des genres, on parlait tout à l’heure de l’Electronica, Braindance, il y aussi eu l’Electro Funk, Drexcyia, etc. Donc, après tout ce temps, j’avais envie de créer mon propre univers sonore fait de tout cela sans vraiment être affilié à un de ces genres en particulier.
CV : Oui et on le ressent aussi beaucoup dans le choix de la tracklist pour ton podcast…
S : Oui, c’est aussi pour cela que mon podcast comprend aussi bien de la musique traditionnelle indonésienne que de la musique industrielle. Comme la track de Cut Hands, que j’ai mise, je trouve ça fascinant, un mec qui vient de l’Indus \ Noise qui se rapproche de la musique tribale. Personnellement, c’est un truc que je trouve passionnant.
CV : Effectivement, lorsque tu évoques ces hybridations Noise \ Indus \ Tribales, on note un intérêt récemment accru pour tout cela. Je pense notamment sur un plan tant sonore que graphique aux artworks d’Andy Stott avec Passed Me By ou We Stay Together ou Rainforest Spiritual Enslavement qui tournent autour de ces cultures ancestrales avec des masques tribaux. Et très clairement, à l’écoute de ton podcast, on ressent vraiment à la fois ce mélange, cette hybridation mais aussi la volonté de bousculer l’auditeur parce que personnellement ton podcast m’a vraiment touché et bousculé pour le coup. Peux-tu donc nous en dire un peu plus sur l’idée de fond, la réflexion qui a guidé le choix de tes tracks ?
S : Oui en effet, l’idée de fond, c’est que ce sont des musiques finalement exigeantes issues des milieux différents que je fréquente pourtant. Tu vois, par exemple au début, je mets des sons Noise qui sont assez dures comme avec cette impro vocale de la meuf, Junko qui appartient au groupe Hijokaidan. Après, je mets un morceau d’un mec issu du Free Jazz mais qui est parti bien plus loin que ça dans l’improvisation libre à la guitare. C’est Henry Kaiser, un mec qui improvise à la guitare des sons qui sont parfois assez pourris mais parfois complètement fous et pour moi ce sont des ponts vers les musiques industrielles actuelles et passées. Elles ont toutes en commun le fait de prendre aux tripes et au fond, c’est en cela qu’on retrouve cette idée de Catharsis.
CV : Titre de ton LP également, peux-tu nous parler de cette Catharsis ? Etait-elle liée à un événement particulier dans ta vie ou était-ce une notion plus générale de portée cathartique de faire du son de façon complètement libre en s’affranchissant d’un certains nombre de contraintes ? Parce que c’est aussi ce qu’on a beaucoup aimé dans ton album, c’est le fait que tu t’y foutes un peu de tout et que tu files un grand coup de pied dans la table…
S : Oui, exactement, il y a ce côté rentre dedans qui est clairement voulu. En fait, si je peux me permettre une digression, ce qui m’énerve en règle générale, c’est que dans tous les milieux que je fréquente, les milieux de la scène Noise ou de la Dark Techno, c’est un truc récurrent. Il y a toujours un moment où des règles plus ou moins tacites s’imposent : « Ca tu peux le faire. Ca tu ne peux pas le faire sinon c’est trop si, trop ça ». Et justement personnellement ce qui m’intéresse, c’est de ne pas me cantonner à une niche mais de voir plus large. Donc pour en revenir au titre de l’album, il est vrai que quand je l’ai composé, c’était une période difficile pour moi et il y avait pas mal d’idées qui germaient depuis un certain temps dans ma tête. Puis, d’un autre côté, il y avait un aspect très Punk dans la démarche au sens où j’ai jeté ça comme en enregistrant les morceaux très vite, à l’instinct. Contrairement à ce que j’avais pu faire avant où je produisais des morceaux beaucoup plus léchés, plutôt dans la veine Rephlex. Là, j’ai plutôt fait un truc finalement assez cru, avec beaucoup de saturation parce que moi–même je ne voulais pas que ça sonne trop propre. Donc voilà, il y a eu cette collision d’idées confuses qui tournaient autour du fait que nos vies, on les axe autour de beaucoup de notions abstraites, de croyances, d’espoirs alors que quand on y réfléchit, avec un peu de recul, ça n’a que peu d’importance. C’est d’ailleurs la thématique du titre Pointless.
CV : Il y a un nihilisme lancinant inhérent à cette track, celle avec laquelle je t’ai découvert d’ailleurs. « What you say, what you do is pointless »…
S : Ouais, tout à fait. L’idée derrière tout ça, c’est que nous sommes dans une société hyper connectée et pourtant de plus en plus froide, au fond de plus en plus nihiliste. Ce sont des réflexions assez naïves mais finalement, ne nous sommes-nous pas de plus en plus seuls, tous enfermés dans notre ego ? Avec tous plus ou moins des difficultés à créer du lien. Il y a aussi cette idée que nous passons notre temps à poser des questions, attendre des réponses sans vraiment pouvoir admettre que parfois il n’y en a pas ou plus simplement qu’il y en a une infinité. Et c’est au final cette quête de sens ou plutôt, pour ma part, l’affirmation de la chose vide de sens dont je parle dans mon album. L’idée de fond en fait, c’est que le seul sens qu’il y ait, c’est qu’il n’y en a pas. Donc au milieu de ce néant, mon but ça a été de créer une échappatoire à tout ça, permettre à l’auditeur d’accéder à une certaine transcendance, expier une sorte de douleur insidieuse, ce qui a été le cas pour moi lorsque j’ai composé ces morceaux. C’est quelque chose de très personnel, d’intime et je souhaite, du moins, j’espère que c’est que ressentent mes auditeurs.
Polonais, RZWD se plait à dévier. Avec GAPS les trois hommes, déboulonnés, servent une électro que Diesel feat. Danielius Pancerovas fait grincer, frétiller, breaker et syncoper bruitistement. La « DANCE NOISE CLUB MUSIC » du groupe le décale à n’en pas douter, LED House en renvoyant une version techno obsédante aux motifs lunaires. Là encore on coupe la dynamique, à plusieurs reprises, pour une issue prenante aux recoins triturés. Euro Track V2 [feat. K. Freeze O.], aérien puis en secousses plombées, s’inscrit dans la même qualité insoumise. Outskirt Dub…vire dub, spatial, apaisé. La palette de RZWD s’étend, concluante. On plane, pour le coup, avant de se livrer à d’autres tumultes. Hantel V3, d’ailleurs, castagne avec force noise et vrilles soniques vertigineuses.
Sur la suite Trigger Fitt V2, dub dépaysant, perché et strié lui aussi de séquences lacérées, poste un vacarme indus-noise et j’en passe à décorner un cerf. RZWD, dont l’ouvrage voit le jour chez Carton Records, truelle ensuite un Muttercoke drone aux atours presque orchestraux mais éloignés, personne n’y verra d’objection, de toute normalité. Sa fin retombe, après cette embardée arrive Footwalk qui en ruades psychiatriques sonne la fin des débats, sacrément attrayants, à s’envoyer maintes et maintes fois avant d’en faire le tour et d’en capter toute la riche matière.
Rozwód, a band based on the outskirts of Poland’s metropolises Wrocław and Toruń, create music that sounds recycled, juxtaposing elements of the rock tradition with electronics recalling the likes of My Disco or Radian. Trance motifs, monotonous ambient passages, and sonic interventions in the background are balanced by a dense ‘rock’ sound albeit one achieved with a set of instruments unusual for the genre.
Jonathan Grandcollot aka Plein Soleil fête la sortie de son premier EP solo chez Zèbres avec une heure de musique ayant accompagné la production cet album "U.V.", balançant entre dub, fourth word, free jazz et plus.
enowned as a festival that embraces jazz and electronic progressives, PUNKT's 20th jubilee gave its founders, Erik Honoré and Jan Bang, the clear purpose of acknowledging the PUNKT 'family'. Many who've been integral to the festival's ethos were here including musicians Nils Petter Molvær and Arve Henriksen, sound engineer Sven Persson, administrator Tonje Bjørheim and gracious festival host, Fiona Talkington.
As Artist in Residence Molvær played in several combinations, often perched on a high stool his back in an arc with trumpet pointed down, the tone never shrill or gruff as if the brass was lined with plush velvet. He seemed locked in a private conversation with his instrument, asking pressing questions about the meaning of it all; life, the universe and everything in between. This introspection was most potent in his duo with Alva Noto a.k.a. Carsten Nicolai.
An electronic artist of rigorous talent whose detailed audio passion and collaborative friendship with Ryuichi Sakamoto (they co-produced The Revenant soundtrack) was discussed in one of the seminars curated by David Toop; a freethinking element of the PUNKT programme. Here, with Molvær, he ushered the festival in with majesty. His sound was enormous yet elegant, drawing curtains of imperceptible stars from ceiling to floor with bell-like tinkles and sweet synth notes, and could summon a bass vibration that ran through the auditorium as if all that was solid had become smoke.
A piano trio led by Eyolf Dale and the art-noise band Abacaxi, may seem oppositional but their impact was identical; energising and life-affirming. Julien Desprez lobbed guitar strums and shot out rhythmic pellets like firecrackers, all the while tap dancing on an orchestra of effects pedals. Jean-François Riffaud pointed the neck of his electric bass at Desprez as if to lock horns with him, his basslines flashing fast whilst drummer Francesco Pastacaldi ran through an abandoned tunnel of punk rock; smashing the snare or clashing with drum rims. Abacaxi were fire starters with an infectious zest underpinned by incredible technique; they made sudden stops an art form.
Laissez le chaos pénétrer vos vies avec le dernier EP de Parquet
C’est un son mutant qui va nous accompagner longtemps, on le sait. Les lyonnais de Parquet viennent tout juste de dévoiler leur nouvel EP, quelque part entre kraut et pop, ici mélodieux, là franchement déviant. Un EP qui vient clore le cycle entamé avec l’EP Mud et l’album Sparkles & Mud. Une conclusion parfaite.
Attention Parquet revient, il a les dents qui le rayent. Après son Sparkles & Mud qui dans ma bagnole résonne encore à ce jour, il signe deux longues plages en phase avec ses aspirations, à savoir prendre son temps, ne pas forcer, savoir accepter, se laisser porter pour expérimenter, chercher un état. Résultat, il nous dégivre un Samantha dans un premier temps cosmique, ensuite répétitivement dansant, dans sa niche quelque part entre techno, kraut, psyché perché et saccadé avant de complètement lâcher la bride. On se retrouve gigotant, opinant du chef, mis en branle par l’approche unique des lyonnais. Leurs nappes enlevées, bien à eux, leurs sons dont on ne sait pus d’où ils proviennent font sensation. Ici, c’est sur plus de treize minutes que le morceau amorce le décollage, sans qu’on puisse en revenir.
Parquet, c’est acquis, dépose sa griffe. Avec lui il emmène, dans le sillage de créations trippantes. La seconde et dernière, Esperanza, prend un chemin plus modéré, s’englobe de sons à nouveau inédits. Des phases bien célestes l’ornent, en faisant le parfait complément à l’ouverture d’EP. Les instruments brodent, à la manière de Parquet, des entrelacs novateurs. Parquet ne chante pas, s’acidule, fait délirer ses synthés. Il tient la recette, parfaite, pour rallier son public. Ce Sparkles EP le crédite grandement, au gré de deux compositions qui sur les lives des Rhodaniens ne manqueront pas de faire suer la foule.