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the world @ gonzaï (fr)

Hommes des années 80 jusqu’au bout des mains, ces Rouennais exhument avec leur premier album tout un pan de sous-culture qu’on croyait enseveli sous deux décennies de bon goût : des chansons à la hauteur du générique de sitcoms américaines, des synthés ras la gueule sur la plage arrière, les coudières cousues mains sur les vestes en jean à l’effigie de Van Halen. En toute modestie, ces enfants du tube cathodique ont choisi de s’appeler The World pour chanter un monde aux cristaux liquidés. A l’écoute du disque éponyme de The World, pas facile à repérer lors de vos prochaines requêtes Google, on se dit que l’anniversaire deRetour vers le futur, qui fête aujourd’hui ses 30 ans avec ses acteurs tantôt à cheveux blancs (Christopher Lloyd) tantôt tremblotant (Michael J. Fox) est tout sauf anodin. Evidemment le rock n’a pas la tronche qu’on espérait ; le Hoverboard est encore à l’état de prototype et la seule chose qui plane est encore cette impression de rendez-vous raté avec la modernité, et qu’on devine amer en regardant les photos promos des groupes d’époque. Rock smarties De ce retour vers les tutur’ pour faire joujou avec les traintrains à papa, le trio signé chez Kythibong a conservé les sonorités en éliminant tous les excès (drogues, ego, costumes à épaulettes) en rognant jusqu’à l’os la posture de héros MTV qu’on aura adorés ou haïs, selon qu’on était gamin ou adolescent fan de The Smiths. Restent les chansons, bien moins putassières que celles de Jamaica, qui restent en tête au point que certaines comme Drugsdonnent envie de s’enquiller un gym tonic après avoir fait son footing de golden boy en lisant les mémoires de Bernard Tapie. Réussir sa vie, se taper des gonzesses backstage après s’être taillé un rail de coke de la longueur de la bite à Rocco, aligner des solos à côté desquels ceux de Weather Report passeraient pour du Tchaïkovski ; tel est l’objectif de The World et de leur rock smarties avec double ration de supplément crème ; écœurant pour les fines bouches mais salutaire pour ceux fatigués des postures miséricordieuses de toute une partie de la génération des rockeurs traumatisée par Radiohead. Il y a évidemment sur cet album de quoi retapisser trois fois la chambre d’un ado ; c’est codifié à mort, révisionniste à blinde ; ça n’a pas la prétention d’être déniché par un digger à gants blancs en 2050 mais ‘’The World’’ est exécuté avec une telle sincérité (on peut même déguster un pain laissé au montage à 02’00 sur le bien nommé Highlights) qu’il en devient difficile de ne pas siffler ses mélodies au réveil comme si l’on était le Leonard di Caprio conquérant se vidant la vessie à l’avant d’un Titanic 8-bits. Devenir les rois du monde, les membres de The World ne le seront évidemment jamais, ce qui n’empêche pas d’espérer un futur moins déprimant qu’un nouvel album de Louise Attaque. La preuve : Nike vient tout juste d’annoncer la commercialisation des baskets auto-laçante portées par Marty McFly en 1985. Le futur ? Un éternel retour.

the world @ indie rock mag (fr)

Avec un nom aussi vaste, on pourrait s’attendre à ce que la musique de ce trio soit englobante ou bien qu’elle nous rappelle les sonorités exotiques d’un voyage oublié. Mais non, The World emprunte ses timbres et son vocabulaire aux années 80... C’est donc à grand renfort de synthés cheap, d’une batterie plate et de voix claires que le trio nous ramène à nos vestes trop grandes à épaulettes, aux joggings multicolores, aux coupes de cheveux embarrassantes qui épousent la nuque, à nos rêves naïfs de skates volants... Il n’y a rien de nouveau dans cet album qui, jusqu’à l’esthétique de la pochette, cherche à nous tromper : s’agit-il d’une vieillerie trouvée dans un bac d’invendus chez Noz ? Non, il s’agit bien d’une nouveauté. Et c’est cet effort minutieux, à la fois comique et très sérieux, pour paraître anachronique, qui fait tout le charme de ce projet. Le pastiche pourrait certes sembler vain si ces musiciens n’avaient pas ce sens aigu de la mélodie, du refrain qui fait mouche, du riff évident et du rythme entraînant. André Pasquet et Jean-François Riffaud, déjà techniciens du décalage au sein de Syntax Error, ainsi que Nicolas Cueille, prince du 8-beats dans son projet Seal of Quality, et nouvelle recrue de Room 204, se distinguent nettement par leur volonté de ne suivre aucun mouvement actuel, aucune mode et pour faire du mauvais goût un appui pour exprimer leur propre personnalité.