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no tongues | ici @ luminous dash (be)

We ontdekten deze week ook iets donker nieuws… Sinds 2015 creëert het Franse alternatieve collectief No Tongues experimentele geluidssets, met een sound die van ver buiten echte instrumenten lijken te komen. We kunnen ze bij lange niet van songwriting verdenken. En dat maakt hen net zo intrigerend.

Elke muzikant in de groep verzamelt de geluiden die hij leuk vindt en opent zijn oren vrij, in alle richtingen. Ze nodigden vrienden uit, zoals Linda Oláh, Isabel Sörling, Elsa Corre en Loup Uberto om mee songs aan te leveren.

Voor dit nieuwe album maakten ze gebruik van geluiden uit het HIER en NU: het geluid van de motregen op het dakraam, een lentevuur in La Caillère, het klokkenspel van Bono’s astuin, de pieptoon van de Paw Patrol-telefoon, een jogger, een tap, Patricks bijen, de oven voor de pizza, een tgv, kinderstemmen, een bandschuurmachine, de polyritmische druppels van een druipende trui…

Makam Fantôme is de eerste single uit hun aankomende album Ici. Met heel gewone geluiden, laten ze deze erg ongewone track horen. Soms erg duidelijk van waar de opnames komen (bv. uit een kindermond), even later volledig ondefinieerbaar donkere krochten. Het niet weten wat er de volgende seconde aan geluid op je zal afkomen, maakt dit een opwindende luisterbeurt.

Ici verschijnt in november via de labels Ormo, Carton Records en Pagans.

reviewSeb Brunno tongues, ici
no tongues | ici @ cvlt nation (us)

What do you hear when you listen to French collective NO TONGUES? I hear gorgeous sonic landscapes formed by the instruments around us. Somehow this group takes rain, bees, tools, appliances, decor, and human movement and shows me that the lines between music and sound are arbitrary. Today we’re sharing their video for “Parrandada De Entroido Do Canizo” featuring vocals from Elsa Corre, directed by Charlie Mars. This track is so captivating I just want to take some edibles and lay on my couch listening to the vinyl from start to finish. The juxtaposition between the natural instrumentation and the electronic glitches on this is magnificent and would definitely send my high brain spiraling off into some other plane of existence. “Parrandada De Entroido Do Canizo” is off their upcoming album ICI that’s out on November 25 via Ormo Records, Pagans Records, and Carton Records.

With this music video, we decided to continue our partnership with Charlie Mars, a talented French filmmaker who has created several amazing videos since our very first album. He has a unique creative vision, full of improvisation while shooting and very rhythmic for editing. We tried in this short film to paint a mysterious, powerful, moving popular force. We called friends to be in this crowd, shot in one of our gardens… And Charlie gave birth to these warrior people! We love it!

reviewSeb Brunno tongues, ici
no tongues | ici @ médiapart (fr)

No Tongues, ICI c'est partout de tout temps

Dès Chien chien, le second index de l'album Ici du groupe No Tongues, je me suis dit que Jean-Jacques Annaud devrait remixer sa Guerre du feu avec leurs rituels intemporels. En 1981 le réalisateur avait désiré être le plus "préhistorique" possible, mais il avait eu l'idée saugrenue de le faire accompagner du début à la fin par la musique de Philippe Sarde interprétée par le London Symphonic Orchestra au grand complet, probablement pensant lui donner un souffle épique. Ce n'était pas la seule idée absurde du film, mais ça valait son pesant de mammouth.

Si les sources de No Tongues sont de toutes les époques, y compris la nôtre, l'aspect rituel est prépondérant. Leurs mélanges inventifs d'instruments et de field recordings sont très variés, "et puis, il y a les voix !" comme me susurrait à l'oreille Jean-Pierre Léaud, complètement perché un soir que nous rentrions de la Coupole où Jean-André nous avait invités. Les Suédoises Linda Oláh et Isabel Sörling, la Bretonne Elsa Corre et l'Italien Loup Uberto sont donc venu/e/s renforcer ici et là la puissance des évocations où l'ethnomusicologie est conjuguée au présent.

Sur la pochette ils annoncent le son de la bruine sur le velux, un feu de printemps à la Caillère, les carillons du jardin cinéraire du Bono, le bibip du téléphone paw patrol, un jogger, un robinet, les abeilles de Patrick, le four avant la pizza, un TGV, des voix d'enfants, une ponceuse à bande, les gouttes polyrythmiques d'un pull qui s'égoutte, etc. Mais Alan Regardin est à la trompette, Ronan Courty et Ronan Prual aux contrabasses, Matthieu Prual au sax et à la clarinette basse. Un orchestre soudé qui fait corps. "Et puis il y a les voix", celles qu'on entend et celles que l'on devine...

→ No Tongues, Ici, labels Omo/Pagans/Carton Records, CD 12€ / LP 20€ / Téléchargement 5€, sortie le 4 novembre 2022

reviewSeb Brunno tongues, ici
sathönay | addio al passato @ limonadier (fr)

Notre claque du jour est le prochain album de Sathönay, groupe multiforme né dans les steppes de l’underground lyonnais qui, avec Addio Al Passato, déploie un rock psyché aussi brut qu’il emmène loin, entre imaginaire folklorique et transcendance électrique. On est très heureux.se de vous le faire écouter un peu avant sa sortie officielle, ce vendredi 28 octobre sur Carton records.

  • Pour ceux qui aiment : La musique locale mais qui voyage, divague sans trébucher, répétitive mais qui progresse, à l’horizontale.

  • À écouter pendant : Un concert. De Sathönay idéalement. Ou chez vous. En imaginant ce que ça pourrait donner. Dans un concert. De Sathönay évidemment.

Au cœur d’une époque chaotique où de plus en plus semblent se nicher dans toutes sortes de communautés, souvent nécessaires, parfois crispées, c’est la musique qui paradoxalement montre la direction contraire, exhibant un besoin de tout fusionner - sans complexes, ni arrières-pensées - qui nous semble aujourd'hui la plus intéressante, et même, la plus trippante.

La formule que continue de travailler Sathönay sur ce 3ème album en est un exemple aussi naturel que frappant. Soit faire communier les visions désertiques générées par un Saz électrique (instrument d’origine persane, de la famille des luths à long manche) avec un violoncelle tout aussi folklorique et enivrant, soutenus par une base batterie basse solide sur ses appuis, groovy dans ses acquis, pour produire un rock aussi progressif que libre. Entre transe douce, krautrock aéré, chant en français et anglais, le tout parfumé par des airs mélodico - géographico - décentrés.

On a beaucoup aimé se perdre dans ces paysages sonores, pourtant le projet est parfaitement situé : la capitale des Gaules (jusqu'en 297 en tout cas). Du nom du groupe, référence à une place lyonnaise appréciée des noctambules, à l’initiateur du projet, Nico Poisson et son long parcours de vie dans les sphères locales des musiques vives et sans-le-sou (créateur du feu label indé SK records, musicien dans de nombreux groupes multi-genrés, membre des fondateurs du lieu Grrnd Zero…).

La formation actuelle voit d'ailleurs un autre lyonnais connus des services de la pop indé "underground" (rajouter ici plein de guillemets) très réussie, François Virot, ici à la batterie (et dont la voix nous manque beaucoup !), mais aussi Léonore Grollemund au violoncelle et Franck Testut à la basse. Notons la présence de Stéphane Laporte au mix, qui n'est pas Lyonnais mais dont on adore la musique également (on est pas sectaires, ni de Lyon d'ailleurs).

Franck Testut, Nico Poisson, Léonore Grollemund et François Virot

Bref, belle équipe pour un album qui, vous l’avez compris, nous a emporté et surtout donné furieusement envie de voir le groupe en live. En attendant, Adio El Passato s'écoute très fort et en exclusivité, tout de suite :

Addio al passato by Sathönay

Sathönay night fever ? Oui, désolé, pour le jeu de mot et le tapage nocturne, mais oui.

no tongues | ici @ drame (fr)

Dès Chien chien, le second index de l'album Ici du groupe No Tongues, je me suis dit que Jean-Jacques Annaud devrait remixer sa Guerre du feu avec leurs rituels intemporels. En 1981 le réalisateur avait désiré être le plus "préhistorique" possible, mais il avait eu l'idée saugrenue de le faire accompagner du début à la fin par la musique de Philippe Sarde interprétée par le London Symphonic Orchestra au grand complet, probablement pensant lui donner un souffle épique. Ce n'était pas la seule idée absurde du film, mais ça valait son pesant de mammouth.

Si les sources de No Tongues sont de toutes les époques, y compris la nôtre, l'aspect rituel est prépondérant. Leurs mélanges inventifs d'instruments et de field recordings sont très variés, "et puis, il y a les voix !" comme me susurrait à l'oreille Jean-Pierre Léaud, complètement perché un soir que nous rentrions de la Coupole où Jean-André nous avait invités. Les Suédoises Linda Oláh et Isabel Sörling, la Bretonne Elsa Corre et l'Italien Loup Uberto sont donc venu/e/s renforcer ici et là la puissance des évocations où l'ethnomusicologie est conjuguée au présent.

Sur la pochette ils annoncent le son de la bruine sur le velux, un feu de printemps à la Caillère, les carillons du jardin cinéraire du Bono, le bibip du téléphone paw patrol, un jogger, un robinet, les abeilles de Patrick, le four avant la pizza, un TGV, des voix d'enfants, une ponceuse à bande, les gouttes polyrythmiques d'un pull qui s'égoutte, etc. Mais Alan Regardin est à la trompette, Ronan Courty et Ronan Prual aux contrabasses, Matthieu Prual au sax et à la clarinette basse. Un orchestre soudé qui fait corps. "Et puis il y a les voix", celles qu'on entend et celles que l'on devine...

reviewSeb Brunno tongues, ici
no tongues | ici @ jazz news (by)

"Makam Fantôme" is the first single taken from "ICI" the new outstanding album by French collective No Tongues to be released November 25 via Ormo, Carton Records and Pagans.

To open the senses, poetic senses, physical senses, to a sensitive world within ear's reach. Ordinary or extraordinary sounds, sounds that immerse us, call to us, give us rhythm, reassure us, fill us with wonder, sounds that polish our deep vibrations, the very ones from which music emerges, an indestructible link between the mystery inside and the mystery outside, a vibratory act that unfolds and connects our worlds to the invisible.

Using their instruments to open sounds from the outside is what constitutes the matrix of No Tongues, created in 2015. On their 1st record "Les Voies du Monde", they focused on an anthology of voices collected by ethnomusicologists and created their unique sound through the practice of deep, physical listening. Forged over centuries, these original voices are the source of an instrumental sampling work seeking to open the sound palette and leave the voices' trace in the listener's body. The substance of each song then unfolds through the orchestra- tion of instrumental timbres in quasi-electroacoustic domains, and the extrapolation of deep musical structures from these extracted sources.

In 2019, fascinated by the link between human environment and the music that it generates, they decided to confront themselves with a Great Elsewhere, spending 7 weeks in the Amazonian forest, with the Teko and Wayampi indigenous people of Guyana, to create "Les Voies de l'Oyapock".

Discovering someone else's world is always a roundabout way of searching for one's own.

Then came the clear need to confront themselves and their practice to what was right there, right HERE (ICI): the sound of drizzle on a skylight, a spring fire in La Caillère, chimes in Bono's cinerary garden, the beep of the paw patrol phone, a jogger, a faucet, Patrick's bees, the oven before the pizza, a TGV, children's voices, a belt sander, the polyrhythmic drips falling from a wet sweater...

Each musician collected sounds they liked, those which sprung from their lives, invited friends to offer songs (Linda Oláh, Isabel Sörling, Elsa Corre, Loup Uberto), and opened their ears freely in every direction.

Then began the work of collective creation. The No Tongues method means slipping into the collected sounds several weeks before entering the studio, many elements having been worked on and developed, but with no pre-existing piece. Four weeks of sound recording and compo- sition in the studio (excluding mixing), offered the band time enough to enter a new creative process, fully immersed in the sound grain as a musical source with editing and post-production tools readily available.

This new opus ICI opens aesthetic breaches within the group's identity, in particular with the arrival of electric and electronic sounds, as up until now everything was produced acoustically. It testifies to an ICI that is intimate with and open to the world, to a need for expiatory vibrations, ritual sounds to heal, to fight, to share, carried by the commitment of a band of musicians looking for their place of sound, their roles as human beings thrown into a crazy reality, with only their instruments, their ears and the honesty of their awakened presence as weapons.

ICI will be released on November 25 on Ormo, the band's historic label, but also on Pagans, a label sensitive to that which springs from the friction of the modern and the secular, and the label Carton, one of the spearheads of experimental and creative music in France.

reviewSeb Brunno tongues, ici
balladur | la vallée étroite @ mowno (fr)

Depuis ses débuts, Balladur prend plaisir à dérouter, à perdre puis à retrouver ses auditeurs qui ont vite compris que le confort et la répétition ne faisaient pas partie de son ADN. Depuis Villeurbanne, Amédée de Murcia et Romain de Ferron servent un registre très libre et très beau, entre guitares et machines, avec le souci de rester dans un état de mue perpétuelle. Délaissant ses anciennes peaux au bord des routes, des salles de concert et des squats, le duo améliore autant qu’il dérègle une formule jouée au centre du public, à même le sol, pour un face à face ne visant que le partage et la communion à mesure que l’audience s’enivre des dizaines de références disséminées au long des morceaux.

Sur ce troisième album, Balladur développe quantité d’images et de récits joignant le lointain et l’immédiat. Dans une transe qui lie les pôles et les distances, le duo donne à son post punk d’origine les accents d’une danse traditionnelle javanaise (Kuda Lumping) avant de reprendre le morceau d’un chanteur indonésien (Angka Satu) qu’il double d’étrangetés et de voix robotiques pour en proposer une version déroutante et enthousiaste.

Si l’oeuvre des lyonnais se définit par le prolongement d’une communion que l’on retrouve aussi bien sur disque que sur scène, leur musique sait aussi se faire plus réflexive et évoquer la galère de l’exil. C’est dans ses moments les plus graves que se dégage véritablement le ton de l’album, son désir d’habiller et d’épauler tous les voyageurs – forcés ou volontaires – creusant la route chaque jour. Véritable disque de voyage, La Vallée Étroite emprunte notamment son nom à cet espace montagneux franco-italien que de nombreux migrants traversent chaque année dans l’espoir de tout recommencer ailleurs. Traversé de motifs entêtants, de bribes d’italien et de français, ce morceau en forme de lente ascension et de doux dérèglement est un des sommets de l’album. Avant lui, Les Poches Vides chante avec plus de solennité, et dans toutes les langues, la galère universelle qui angoisse et lie chacun, au trajet et au sens qu’on lui donne.

Au fil d’allers/retours incertains, La Vallée Etroite cartographie les espaces parcourus par Balladur, et rend hommage de la plus belle des manières à tous ceux qui l’ont fait jouer. Inspiré des folklores, des langues et des frontières, ce troisième album est une réussite complète qui montre une fois de plus l’ambition et le talent intact d’un duo sans barrières.

balladur | la vallée étroite @ gonzaï (fr)

Balladur, c’est évidemment l’homme des mauvais choix (la trahison chiracienne de 1995, le port du goitre, le refus de la coldwave pour ses meeting, etc), mais c’est aussi un duo de Villeurbanne signé chez Le Turc Mécanique. Avec leur troisième album “La vallée étroite”, ils prouvent que l’avenir du rock, si tant est qu’il en ait un, est dans l’ouverture à l’étranger. Tout l’inverse d’un concept RPR, en somme.

“Croire en la France”. C’est peut-être là que ça a commencé à déconner pour Edouard. Nous sommes alors en 1995, et l’ami de 30 ans de Jacques Chirac décide de partir solo pour la Présidentielle où, comme on le sait, il se tôlera sévère, tel un Dj ayant oublié ses disques chez lui. L’affiche qui devait le faire gagner porte ce slogan, et la phrase est avec le recul tellement stupide qu’elle permet de faire le lien avec le groupe du même nom qui, pour le coup, ne croit qu’en lui.

C’est ce qui marque en premier à l’écoute de “Vallée étroite”, un disque libertaire où Balladur s’affranchit de tous les codes où on les croyait coincé. Si les instruments restent peu ou prou les mêmes que sur les deux albums précédents, il est ici question d’un gros virage à la Ayrton Senna, direction une espèce de zouk mutante impossible à dater sur la frise chronologique du WOK AND WOLL. D’ailleurs, ce n’est plus ça du tout, mettez votre vocabulaire à jour : Balladur, contrairement à tous ces jeunes-vieux groupes faisant les malins avec des guitares exotiques travestissant les riffs de la Compagnie Créole en micro-tubes pour puceaux, n’est pas devenu une pale copie des Foals ou de tous ces artistes French pop tirant leurs poignets vers le bas du manche et les notes aigües. La coldwave, la synthpop froide, la metallo-chanson pour sidérurgiste, merci bien. “Vallée étroite”, ce n’est plus du rock – au sens large – et c’est d’ailleurs ce qui fait tout le charme de cet album hybride à cheval entre plusieurs genres, plusieurs sommets pour paraphraser la pochette hommage à la vallée dangereuse par laquelle passent les migrants venus d’Italie, dans l’espoir de jours meilleurs en France.

Le “croire à la France” précité, du coup, prend tout son sens. Ayant bien compris que rien de bon n’était à attendre de qui que ce soit de ce côté de la frontière, Balladur, étrange dans son propre pays, livre un condense de zouk mutante mixée à de l’exotica allemande qui rappellera aux plus vieux les excursions de CAN, aux autres les génériques d’attente téléphonique quand on avait encore un téléphone fixe, comme sur le magistral titre de clôture Dans la 205.

Arrivé au bout de ce chemin, on aimerait que “La vallée étroite” soit passé en boucle dans les écoles primaires, ne serait-ce que pour enseigner aux nouvelles génération qu’il existe un sentier escarpé permettant d’éviter le choix binaire entre rap autotuné pour blancs bourgeois et pop insipide mâchouillée par des chanteurs qui auraient mieux fait de devenir guichetiers dans une salle de spectacle pourrie perdue dans une ZEP de la France profonde. On souhaite évidemment tout l’inverse à ces deux zouaves encore trop jeunes pour devenir chiants; croyez en ce Balladur, au moins lui ne vous trahira pas.

balladur | la vallée étroite @ goutemesdisques (fr)

robablement parce que l’on connaît plutôt pas mal ses chevilles ouvrières (Charles Crost aka Le Pasteur Charles et Thomas Durebise), on s’est formé une image certainement déformée et réductrice du label parisien Le Turc Mécanique (LTM), influencés par ce que ces gentils nounours de l'underground hexagonal véhiculent comme énergies. Probablement aussi parce que nos groupes préférés sur LTM sont de fervents adeptes de la politique de la terre brûlée, on produit des généralités à partir de cas spécifiques et pas forcément représentatifs d’une maison qui fonctionne bien plus aux coups de cœur qu’aux étiquettes.

En même temps, à la décharge de Balladur, le duo respectait à ses débuts le cahier des charges qu'on avait imaginé pour le label, plaçant ses premiers travaux dans un carcan cold wave, dont on allait par contre vite comprendre qu’il n’allait pas résister bien longtemps à ses envies d’ailleurs. Dans cette optique, leur album Super Bravo sorti en 2016 était le symbole de cette soif de mutation, de ce besoin irrépressible de s’ouvrir à d’autres genres dont il fallait extraire la substantifique moelle pour la réinjecter dans un moule aux formes certes imparfaites, mais tellement aguicheuses.

La Vallée Étroite, troisième album du groupe sur LTM, s’inscrit dans le droit fil de son prédécesseur, mais pousse cette logique jusque dans ses derniers retranchements, proposant une œuvre dont la radicalité formelle n’a d’égal que la simplicité que l’on qualifierait de 'pop' si la musique de Balladur ne se nourrissait pas de tellement d’autres choses, du post-punk aux musiques bruitistes en passant par l’electro-pop ou même le reaggaeton. Aussi insaisissable qu’irrésistible, La Vallée Étroite n’est rien de moins que l’un des meilleurs disques de rock francophone de l’année 2019. On dit francophone, car on lui trouve quelques similitudes avec Massif Occidental, l’impeccable second album des Suisses d’Hyperculte sur Bongo Joe Records.

Enregistré et mixé dans le studio lyonnais du groupe, ce nouvel opus est l’occasion pour les deux membres de Balladur d’ouvrir les vannes comme ils ne l’avaient jamais fait auparavant, de continuer à avancer sans penser aux travers désagréables de la pollinisation croisée ou de l’appropriation de certains genres avec lesquels il n’est pas toujours simple d’expérimenter - on pense à certaines « musiques du monde » qui s’épanouissent ici comme jaja parce qu'on les traite sans ce mélange d’opportunisme et de peur de mal faire.

Cette vallée étroite qui donne son titre à l’album, c’est une référence à cette traversée dangereuse du col de l'Échelle entre l'Italie et la France, une route périlleuse où les espoirs de dizaines de milliers de migrants à la recherche d’un avenir meilleur en France se perdent chaque année - l’un des morceaux porte d’ailleurs le nom d’une ville, Bardonecchia, qui cristallise à elle seule tous les dysfonctionnements d’une politique européenne qui semble avoir paumé son humanité quelque part au fond de la mer Méditerranée. Mais ce titre est aussi un bon résumé de la philosophie d’un duo qui utilise une musique forte en émotions pour raconter des choses qu’on n’entend plus au JT de TF1 ou de France 2, pour nous confronter à notre condition d’occidental privilégié qui oublie trop souvent (ou fait semblant de ne pas voir) ce qui se passe autour de lui. Balladur bande dur et on ne va certainement pas se priver de reluquer.

balladur | la vallée étroite @ section 26 (fr)

Depuis une demi-douzaine d’années, Balladur enchante les salles de concerts et autres squats avec un live unique en son genre, placé au milieu du public, avec un set-up plutôt léger constitué de machines, guitare et micros. En un sens, Balladur est une expérience qui dépasse le cadre classique du concert où le spectateur est passif. L’ensemble évoque ainsi tout autant, si ce n’est plus, les fêtes traditionnelles comme les musiques de processions dans les villages thaïlandais (Phin Prayuk). La musique du duo de Villeurbanne traduit, à bien des égards, la recherche de communion et de partage au cœur de la démarche du groupe. Si l’ensemble est dédié à la danse, il garde une éminente dimension politique. Et ce, jusqu’au titre de ce nouvel album, La Vallée Étroite, une référence directe aux migrants tentant de traverser la frontière italienne à travers les montagnes. En trois longs-jeux, la formation a affiné un son unique, syncrétisme d’influences aussi diverses que le dub, les musiques du monde entier (sous leur forme folklorique ou populaire), la dance music avec une éthique punk et DIY, si tant est que le terme signifie encore quelque chose. En un sens, difficile d’imaginer la formation française ailleurs que chez Le Turc Mécanique (Bracco, Tôle Froide, Jardin). Groupe et label partagent en effet un goût pour les chemins de traverse, ceux qui font chier les puristes et ravissent les curieux. La Vallée Étroite est peut être le meilleur album du duo à ce jour. Il convoque l’auditeur à une célébration œcuménique où chacun peut participer et laisser libre cours à son imagination. Dès l’entame, l’hypnotique Kuda Lumping (une cérémonie indonésienne traditionnelle), Romain De Ferron annonce : « C’est la fête, tout le monde s’agite » dans un maelström de guitares post-punk signé par l’autre larron, Amédée De Murcia. L’ensemble semble avoir un pied quelque part en Asie, du coté de l’Indonésie, et l’autre à Cologne dans la salle de répétition de Neu!, un orteil se baladant sur le dancefloor. La reprise du classique Angka Satu du musicien de Dangdut, Caca Handika, offre l’occasion à Balladur d’explorer une facette plus pop de leur musique. Le duo s’approprie la chanson originale tout en respectant son essence profonde, en créant un petit tube déviant. Le groupe rend en parallèle hommage à Joy Division à travers Les Poches Vides, un long crescendo extatique, tunnel de lumière déchirant la brume. Le groove chaloupé d’Islero évoque une improbable rencontre entre le reggae digital jamaïcain et le punk növö de Marie et les Garçons dans cette diction si particulière. La Vallée Interdite, chanson titre, lui fait suite et constitue l’un des temps forts de l’album. Le texte poignant est sublimé par une composition délicate constituée de synthétiseurs et de strates de samples de voix entrelacés. Balladur pense heureusement à nous. L’atterrissage se fait en douceur avec Sonde Lambda puis Dans La 205, une odyssée shoegaze cotonneuse dont la mélodie rappelle étrangement celle du Téléshopping. En un peu plus d’une demie-heure, Balladur signe l’un des albums les plus attachants et originaux de l’année. Libre dans sa forme, dans son propos, ouvert sur le monde, La Vallée Étroite est une célébration politique et culturelle de la fraternité.

balladur | super bravo @ vice (fr)

Voyons les choses en face : vous auriez mieux fait de voter Balladur

Pas de premier tour pour « Super Bravo », l'excellent deuxième album du duo de Villeurbanne : on vous le propose sans plus attendre en écoute intégrale.

Parti le premier, il y a trois ans, dans la bataille de la primaire underground sur format cassette, Balladur a fait le pari de mobiliser les fous de Suicide avec son credo libéral en matière de synth-punk et la frange plus conservatrice du parti, en se basant sur des concepts-chanson propres à séduire les conservateurs (ie : fans des Smiths). Un pari audacieux qui lui a permis de s'imposer comme le candidat hybride que la France attendait, d'abord avec un premier EP ravageur en 2013, puis l'an dernier avec son premier album charbonno-baléarique Plage Noire, Plage Blanche, paru chez Le Turc Mécanique. Le duo de Villeurbanne enfonce aujourd'hui le clou de manière ferme et définitive avec le stupéfiant Super Bravo, nouveau LP qui donne enfin à entendre le vrai Balladur, autoritaire, décomplexé et parfaitement schizophrène, jonglant sans jamais se poser de questions entre cold wave, tropicalia, post-punk, merengue, anglais, indonésien et italien. Ça sort demain sur Le Turc Mécanique mais on a décidé de plier l'affaire dès le premier tour en vous le proposant en écoute intégrale juste en-dessous, pour la première fois dans l'Histoire des crédo libéraux et des disques charbonno-baléariques.

balladur | super bravo @ brain magazine (fr)

Balladur va sauver la France

Nous sommes le 1er décembre 2016, François Fillon est le candidat de la droite aux prochaines présidentielles, bonjour. Est-ce une raison suffisante pour se laisser sombrer dans la morosité ? Non. Car Balladur est là. Balladur sourit. Balladur sautille. Balladur chante. Balladur porte tous nos espoirs entre ses mains. Le duo de Villeurbanne sortait hier son nouvel album, Super Bravo, chez Le Turc Mécanique, pour notre plus grand bonheur. La release party avait lieu dans la foulée au Petit Bain dans le cadre du Labo Pop, qui, tous les deux mois, aligne avec amour ce qui se fait de mieux parmi la relève de notre nation, et ce bien au-delà des frontières de ce que pourrait laisser imaginer le mot "pop". Alors pourquoi Balladur va sauver la France ? Précisément pour les raisons égrenées ci-dessus : tout en composant une musique faite d'une myriade de couches où le melodica fricote avec une rythmique zouk, des interjections de batterie électronique à coucher dehors et des riffs de guitare comme le rock indé n'en fait plus depuis belle lurette, Balladur parvient à ne pas tomber dans la maîtrise des machines pour la maîtrise des machines et ne cesse de pondre depuis maintenant trois ans des chansons bizarres et belles et simples. Et digérer tellement d'éléments hétéroclites pour en faire un truc simple et beau, c'est pas donné à tout le monde. Ajoutons à ça que chaque live du groupe s'apparente à une véritable orgie sonore et physique - ils sont installés sur une grande table au milieu du public, ils se marrent, ils sautent, ils s'amusent avec les accidents, et ces cons arrivent même à être bons dans le registre de la ballade moite qui exhorte tous les couples présents à se languer tendrement. Balladur, c'est le futur.

balladur | super bravo @ muzzart (fr)

Duo issu de Villeurbanne, Balladur joue une électro-pop tantôt cold, souvent relevée par des sonorités folles et à caractère exotique. Romain de Ferron et Amédée de Murcia (Somaticae) déconstruisent, ceci leur permet de mieux reconstruire. Ils bâtissent une trame dub sombre (Jalan), envoient une cold-wave prenante (Tu mens), font ça et là des clins d’oeuil à l’ère des late 70’s/early 80’s.

En outre, ils démontrent une belle inspiration dans les alliances des genres. Super bravo est leur deuxième album et déjà, leur empreinte est perceptible. L’écorce est minimale, sa froideur est contrebalancée par des élans dépaysants plus euphorisants (Verse-moi). Le procédé fonctionne et contribue à l’identité du projet. La légèreté psyché, incarnée par une voix féminine, a sa place dans leur registre (Olympique Layat). Elle s’accompagne d’encarts plus acidulés, plus loufoques à l’image de la musique hybride conçue par Balladur. Chacun des 7 titres joués pour l’occasion est de valeur, génère une accroche appelée à durer. Les volutes de claviers d’Aku, Occiali da sole et son électro zébrée de rythmes venus d’ailleurs, « brésilianisants »; les Rhodaniens ont de sérieux atouts à faire valoir.

Michela, sorte de cold-pop des plus abouties aux boucles addictives et voix intriguante, vient alors mettre fin aux réjouissances, chantées par ailleurs dans plusieurs langues; Balladur n’est jamais dans le dur et fera même office, via de telles sorties, de valeur sûre.

balladur | super bravo @ le drone (fr)

On a parlé IDM, Adriano Celentano, pop indonésienne et cuisine de grand-mère avec les deux membres de Balladur

Rencontre avec le duo pop syncrétique au Petit Bain en marge de la release party de leur dernier album Super Bravo.

C’est l’une des claques de cette fin d’année : la sortie de Super Bravo voit passer Balladur d’un truc mal identifié, en équilibre instable entre cold wave, shoegaze et electronica, à un cocktail parfaitement dosé de pop de la zone mondiale, assez personnel et explosif pour qu’on ne cherche plus à lui coller la moindre étiquette. Avec pour cheval de Troie l’hyper-addictive "Michela" et son clip signé Hugo Saugier, dessinant un axe Cambodge-Villeurbanne aussi déroutant que fidèle à l’esprit syncrétique du duo. On a rencontré Romain de Ferron et Amédée de Murcia en marge de leur passage au Petit Bain, pour parler de leurs (faux) paradoxes et de leurs (vraies) passions, de l’IDM à Adriano Celentano en passant par la cuisine de grand-mère.

En faisant le tour de vos nombreux projets solo et communs (Insiden, Somaticae, Roger West, Omerta, Vinci, Sacré Numéro), j’ai l’impression que vous venez plutôt des musiques expérimentales et improvisées, ce qui peut paraître éloigné de l’identité pop de Balladur.

Amédée de Murcia : Pour ma part, j’ai toujours écouté de la pop en même temps que j’écoutais de la musique expérimentale. J’ai juste commencé dans l’expé en tant que musicien.

Romain de Ferron : Pareil pour moi. Du coup ça nous paraît logique de faire les deux.

Ça suppose quand même une toute autre approche de la création.

RdF : C’est sûr. Même si aujourd’hui, la plupart des gens que nous côtoyons ne sont pas enfermés dans l’un ou l’autre. Je ne connais personne qui soit capable d’écouter uniquement de la noise en boucle. (Rires.) Après, avec Balladur, on essaye de tordre la pop pour que ça ressemble un peu aux autres choses qu’on aime. Souvent, quand je réécoute nos disques ou nos concerts, je suis surpris par ce côté vachement pop. Ça l’est moins dans mon esprit.

Vous avez une culture post-punk aussi ?

RdF : On n’en a pas trop écouté. Par contre, beaucoup de new wave et de musiques des années 60, quand ils expérimentaient à fond en studio, comme Joe Meek. On adore aussi Broadcast, qui fait ce pont entre pop et expérimentation.

Vous avez suivi une formation musicale "sérieuse" ?

RdF : J’ai passé un master de recherche en musicologie, à Grenoble puis à Lyon, sur Charlemagne Palestine. Ça m’a occupé pendant un bout de temps. En musicologie, tu apprends les cadres, et la musique expé était justement un moyen d’en sortir. A Grenoble, on a passé pas mal de temps au 102, où on a découvert la scène des musiques improvisées, Jérôme Noetinger et consorts. Amédée (qui s’est absenté quelques minutes, ndr.), lui, est un autodidacte. Il était à fond sur l’IDM à la grande époque d’Autechre et Aphex Twin. Il s’est formé tout seul dans sa chambre avec son PC.

Sachant que vous collaboriez déjà ensemble, notamment au sein d’Insiden, comment est née l’idée de monter Balladur et comment vous êtes-vous réparti les rôles ?

RdF : On a commencé par écrire une chanson pour le fun, qui est devenue "Pretty Face". Ça nous a bien plu et on a continué. Rien n’était vraiment prémédité.

AdM : Dans Balladur, même si c’est assez mélangé, Romain s’occupe plus des mélodies, et moi plutôt du son.

Le premier album (Plage Noire, Plage Blanche, 2015) était très délié, le second me semble avoir une identité mieux définie. En quoi le fait de tourner et de solidifier le groupe a joué sur votre manière de composer?

AdM : Il nous a fallu un certain temps pour être à l’aise avec la manière dont on voulait enregistrer et faire du live. Le premier album a été créé sur l’ordi, avec plein d’effets, sans penser à la manière de le retranscrire. A l’inverse, tous les morceaux de Super Bravo ont été imaginés pour être joués en live. Un peu à la manière d’un groupe de rock, en se forçant à limiter notre outillage.

L’un des moyens que vous utilisez pour subvertir la pop, c’est d’utiliser plusieurs langues : le français, l’italien, l’allemand, même l’indonésien.

RdF : Déjà, chanter en anglais me semble toujours bizarre, parce que j’ai un accent de merde. Mais chanter en français est bizarre aussi. Alors pourquoi pas d’autres langues ? L’indonésien, c’est parce que je suis parti en voyage là-bas pendant deux mois et que j’ai un peu appris la langue. Ils ont plein de chansons rigolotes, hyper mélo, bourrées de vibrato, dont je me suis inspiré pour écrire Aku. Quant à l’italien, c’est parce que j’ai écouté pas mal de pop 60’s italienne, comme Adriano Celentano, l’équivalent de notre Johnny national.

AdM : Pour le français, on a aussi été influencé par des découvertes récentes, comme Ventre de Biche ou Noir Boy George, qui l’utilisent un peu comme une langue étrangère, avec des phrases très directes, peu de fioritures. Sur Super Bravo, c’est la première fois qu’on écrit nous-mêmes nos textes. Avant, c’était une pote (Camille Perton, ndr.) qui s’en chargeait. Ses paroles étaient plus travaillées et fournies, et du coup moins faciles à chanter.

Votre ouverture ne se limite pas aux langues. Il y a aussi des clins d’œil à la musique africaine ou au dub sur le disque.

AdM : C’est une démarche sincère, qui reflète ce qu’on aime en ce moment. Je fais souvent le parallèle avec la bouffe : c’est chiant de ne faire que de la cuisine méditerranéenne, il faut ajouter des épices, essayer des mélanges. Ce que j’aime beaucoup dans la pop, ce sont les feedbacks permanents. Par exemple, on a écouté plein de groupes indonésiens qui essayent de faire de la pop occidentale, mais au final sonnent différemment - ça sent le clou de girofle, quoi. En tant qu’occidental, je trouvais ça marrant d’imiter ces groupes, qui eux-mêmes en imitent d’autres. L’histoire de la musique est pleine de va-et-vient culturels.

On peut tout à fait apprécier votre musique au premier degré, mais en même temps vous semez des indices qui peuvent faire douter : le fait de s’appeler Balladur, de sortir un disque nommé Super Bravo, etc.

AdM : Pour moi, c’est un truc un peu bédé, cartoon. J’ai été très fan de Telex et j’aime bien retrouver cet aspect, pas dans les sons, mais dans l’intention.

RdF : C’est pareil quand j’écoute Adriano Celentano : d’un côté, c’est un peu abusé, mais en même temps, c’est tellement beau !

AdM : Ou quand ta grand-mère cuisine en mettant des tonnes de sucre et de beurre.

société étrange | chance @ backseat mafia (uk)

Though long established in the Lyon post punk/electronic scene, Societe Etrange look set to extend their wavelength with a pulsating new album ‘Chance’ (available on Bongo Joe March 4th onwards). Evolving from the partnership of Antoine Bellini (electronics) and Romain Hervault (bass), the music of Societe Etrange has been oscillating within their city’s cluster of collectives and creatives for over ten years now. Their previous LP ‘Au Revoir’ emerged way back in 2015 focusing on the motoric and minimal with Alan Vega/Martin Rev undertones but now ‘Chance’ looks set to up the ante. With percussionist and electronic musician Jonathan Grandcollot joining the group, the Societe Etrange sound has lost none of its fierce independent edge, just gained more dynamic possibilities.

It’s a record that depends less on the mesmeric but more on surging post rock heftiness, spikey post punk rhythms and the powerful undertow of dub electronics to push the six tracks over some imagined industrial hinterland. The entrance to Societe Etrange’s otherworld is via ‘La Rue Principale De Grandrif’, a bustling thoroughfare alive with shadowy basslines, clattering beat mechanics and minimal guitar coding. The track oozes atmosphere as it descends through some cavernous electronics before resting somewhere darker. From then the five instrumental components that combine to make ‘Chance’ unwind with a sense of purpose and coherence that elevates the trio’s sound beyond any sprawling anonymity.

Take ‘Nute’ as a prime example. Resolutely built around an expectant synth melody with Kraftwerk sensibilities and agile non-rock percussion, Societe Etrange show they have an intuitive grasp on the power of repetition. Here is a band that can take a theme, extend it, stretch it then distort and disconnect it, before returning to the starting point for the final push. Want proof then check ‘Nute’s’ prolonged key changing mid -section, all dub swirls and thuds, before its ascent back to the main hook – crowd pulling stuff.

Then there’s the angular urban-noir ‘New New York’ that skulks around to the judders of reverberating synth chords and drummed kinetics. As ominous as Martin Rev’s cityscape music, the band fearlessly lead the track underground with a prolonged climb down through the dub sub-strata. Audacious and incredibly effective, ‘New New York’ demonstrates a sense of detail with its deftly placed tambourine chinks and flute squeaks, reminiscent of This Heat at their most forensic.

Such an attuned dub aesthetic is a significant contributor to the Societe Etrange sound. ‘Sur La Piste De Danse’ takes that vibe deeper and lower with Hervault’s minimal bass booming upfront while Grandcollot’s drum patter adds some exotic warmth. It’s not surprising that co-founder Antoine Bellini has spoken of the band’s music being elevated by their newest member’s arrival. The rhythmic element on ‘Chance’ makes so much more than a beat making contribution. Grandcollot’s drumming adds colour and interest, light and shade, atmosphere and anchorage. Think the Jacki Liebezeit/Charles Hayward school of kit-work or a contemporary parallel in Valetina Magaletti’s work with Vanishing Twin and Holy Tongue. That versatility is pivotal to the sultry ‘A L’interieur Au Numero 97’ where a relaxed samba disguises a deceptively complex musical weave. Stabbing buzz-saw synth shapes, modular bleeps, root note bass, hissing hi-hat and supple conga pulses lock and bond to make an effortless meandering whole.

Maybe it’s at these moments, when experimental fluidity and defined structures combine, that Societe Etrange are at their most potent. Closing tune ‘Futur’ certainly lobbies hard in favour of that proposition with some immaculately controlled pace and drive. Call it anthemic, call it a ‘banger’, call it whatever, this is music that has a joyous uplift from the moment the highlife bass conjures up those harmonics, all the way to the tumbling drum play out. The track also stands as a fitting coda to an album that for all its energy and abstraction still reaches out and connects. For Societe Etrange to have achieved this on ‘Chance’ is not, despite the record’s title, lucky. ‘Chance’ is the result of natural chemistry, shared experience and inspired musical judgement.

société étrange | chance @ beats per minute (uk)

After a debut LP cheekily titled Au Revoir (“goodbye”) released on S.K Records back in 2015, Lyon-based trio Société Étrange is back with a brand new full-length. Composed of “6 love songs without words,” as the Bandcamp liner notes describe it, Chance is a captivating trip throughout the experimental terrains of new French kraut composed entirely in the studio. The album is now available via Swiss label Les Disques Bongo Joe in digital, vinyl, and CD formats.

société étrange | chance @ benzine (fr)

Amateurs de musiques aventureuse et non linéaires, cette sortie est faite pour vous. Il s’agit du nouvel album du trio Lyonnais Société étrange. Après Au revoir sorti en 2015, le groupe continue de s’inspirer des musiques expérimentales des années 70 et 80 pour composer des titres instrumentaux à partir de sonorités électroniques, de basse et batterie et de boîte à rythmes. Le résultat donne un disque difficile à ranger dans une case, qui doit autant au post-punk des années 80 qu’au post-rock de Chicago des années 90… Avec en plus une petite touche dub ici est là. (Les Disques Bongo Joe / L’Autre Distribution) – écouter